Service
et collaboration
La parabole des talents (Matthieu
25, 14-30)
Autres lectures : Proverbes
31. 10-13.19-20.30-31; Ps
127 (128); 1
Thessaloniciens 5, 1-6
Au fil des siècles, on a eu différentes perceptions
de la divinité, souvent calquée sur la nature humaine.
Dans l'Ancien Testament, le peuple saint considérait que
Yahvé comme le roi idéal. Ce souverain puissant punissait
les sujets désobéissants et récompensait ceux
qui accomplissaient la volonté royale. Cette représentation
de Dieu se retrouve dans la parabole proclamée aujourd'hui.
Le serviteur qui refuse d'investir l'argent confié
par son maître, considère qu'il a un patron autoritaire
qui n'hésiterait pas à châtier un inférieur
désobéissant. Ce maître sévère
symbolise le Père et le serviteur craintif représente
Israël. Jésus devait donc adresser cette histoire dans
un premier temps aux Israélites qui rejetaient la nouvelle
conception de Dieu qu'il apportait. En effet, dans la parabole,
le maître condamne le serviteur qui n'a pas voulu prendre
de risques. Jésus n'approuve donc pas la conception d'un
Dieu qui punit et qui récompense. Il propose plutôt
une nouvelle image qui a dérangé et suscité
l'hostilité des autorités religieuses de son temps.
Malheureusement il arrive que des chrétiens et des chrétiennes
considèrent encore Dieu comme un être autoritaire et
tout-puissant. La peur se cache derrière leur foi. Jésus
invite maintenant ces croyants et ces croyantes à modifier
leur conception.
Une juste représentation: le serviteur
Dans cette parabole, le Christ encourage
les auditeurs à modifier la conception qu'ils se font du
rapport qui existe entre Dieu et l'humanité. Cette relation
s'articule autour du service. Il en est du Père et de l'humanité
comme du maître et du serviteur. Les humains sont appelés
à faire la volonté du Père. L'humilité
est donc une attitude qui ressort de cette parabole. Cette humilité
est cependant différente de la soumission qui élimine
tout esprit d'initiative chez la personne humaine. En effet, Dieu
exerce son autorité sous un mode différent de la domination.
Il ne veut pas casser ses serviteurs pour en faire des esclaves.
Il souhaite exercer son pouvoir d'une manière nouvelle.
Une juste représentation: une collaboration
Dans cette parabole des talents, Jésus
approuve le comportement des serviteurs qui n'ont pas hésité
à prendre des risques. Ils ont investi les talents de leur
maître et ont fait fructifier ce qu'ils avaient reçu.
On constate aisément que l'inquiétude n'a pas motivé
leur comportement puisqu'ils ont pris des risques. Ils ont plutôt
misé sur la confiance du maître. Leur chef les a jugés
dignes d'accomplir une tâche importante et, pleins de dévouement,
ils se sont montrés responsables. Ces serviteurs ont plutôt
des sentiments d'affection pour leur supérieur qui leur a
fait confiance. Et cette confiance est plus fructueuse que la crainte.
Ce portrait du serviteur idéal reste
encore actuel. À ceux et celles qui voient encore Dieu comme
un maître exigeant dont le souci premier est de punir l'échec,
Jésus présente un Dieu qui fait confiance et souhaite
des collaborateurs qui osent risquer même s'ils peuvent connaître
un échec. Il veut stimuler ses auditeurs à donner
la pleine mesure du potentiel qu'ils ont reçu du Créateur.
La Bonne Nouvelle d'aujourd'hui est donc particulièrement
dynamique, pleine de vie. Jésus souligne ce fait dans la
conclusion de la parabole.
Un sort tragique
Jésus termine sa parabole sur une
note qui peut sembler en opposition avec l'interprétation
précédente. Dieu semble redevenir un supérieur
autoritaire qui punit. Il faut donc se concentrer sur le sort des
serviteurs pour bien saisir les propos du Christ. Les serviteurs
qui ont pris des risques représentent la génération
nouvelle des disciples du Christ qui auront changé leur vision
de Dieu. Ils ont délaissé la conception d'un Dieu
vengeur et ont adopté la perspective nouvelle offerte par
le Sauveur: un Dieu qui fait confiance et qui encourage les initiatives.
Les gens qui suivent le Christ seront admis dans la propriété
du maître et connaîtront la vie nouvelle qui règne
dans cette propriété. Le serviteur qui enterre l'argent
représente les personnes qui ont refusé la Bonne Nouvelle.
Attachés à d'anciens principes qui disparaîtront
avec la Nouvelle Alliance, ces personnes perdront leurs repères.
Ils se verront dépossédés de ce qu'ils avaient
et n'auront rien pour remplacer ce qu'ils auront perdus. En rejetant
le Christ, ils se retrouvent devant un vide qui est aussi brûlant
que la géhenne. Cette situation est encore actuelle. Les
gens sont toujours placés devant la liberté de choisir
ou non de suivre Jésus, et d'assumer les conséquences
de leur choix. Certains éprouveront même un vide existentiel.
Jésus, par l'intermédiaire de l'Église, convie
sans relâche les gens vers la voie de la vie, la voie de la
plénitude. Il nous reste à choisir cette route et
à devenir des collaborateurs du Père.
Un portrait idéal
Proverbes 31, 10-31
...Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter,
elle l'enrichira...
La première lecture proclamée aujourd'hui
(Proverbes 31, 10-31) présente le portrait de l'épouse
parfaite. Cette description convient à l'image du bon serviteur
souhaité par Dieu. En effet, la femme parfaite n'est pas
l'esclave de son mari. Elle est plutôt une collaboratrice
qui doit être appréciée à sa juste valeur
comme une perle précieuse. L'auteur amplifie cette image
de collaboration en suggérant que le mari ne doit pas hésiter
à donner à son épouse une partie de ce qu'elle
a produit de ses mains. Le maître n'aurait jamais partagé
avec son esclave. Ce texte constitue une excellente introduction
pour bien comprendre la parabole des talents.
Attendre la venue du Seigneur
1 Thessaloniciens 5, 1-6
...Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra
comme un voleur dans la nuit...
Le Jour du Seigneur, la fin des temps
arrivera subitement comme un voleur dans la nuit à une date
que seul Dieu connaît.
Les personnes qui ont rejeté le
Christ seront déconcertées quand ce jour final arrivera.
Les disciples du Christ ne seront
pas pris au dépourvu. Ils auront constamment veillé
dans l'attente du retour du Seigneur.
Pour votre information...
Le talent
Le talent n'est pas une unité de monnaie.
L'archéologue ne retrouvera jamais une pièce de monnaie
nommée talent. Mais c'est une unité qui servait à
compter l'argent. Un talent équivaut à 6000 deniers.
Le denier est une pièce de monnaie romaine qui représentait
le salaire journalier d'un ouvrier agricole. Un talent constitue
donc une quantité énorme d'argent.
Benoît Lambert, bibliste
Québec
Source: Le Feuillet biblique,
no 2030. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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