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Trente-deuxième dimanche ordinaire A - 6 novembre 2005
 

Trop tard?

Les dix jeunes filles (Matthieu 25, 1-13)
Autres lectures : Sagesse 6, 12-16; Ps 62 (63); 1 Thessaloniciens 4, 13-18

Devant le recul de la pratique religieuse, en Occident, plusieurs communautés chrétiennes ont compris qu’il ne faut pas baisser les bras, ni rester figés dans le statu quo et le laisser-aller. Avant qu’il ne soit trop tard, elles ont résolument entrepris de poser le diagnostic de leur situation, de prendre des décisions conséquentes et de les exécuter rapidement. Elles ont pris le risque de tracer les chemins du renouveau en vue d’une nouvelle manière « d’être Église ». Ainsi, des aménagements pastoraux et un projet d’éducation à la foi ont été amorcés ici et là pour ajuster les communautés chrétiennes aux nouveaux défis et assurer un avenir prometteur et vivant à l’Église.

     Dans ce contexte, le récit de l’évangile d’aujourd’hui est particulièrement éclairant. En effet, comparer le Royaume à des vierges, dont une moitié est prévoyante et l’autre insensée, ne peut être qu’une façon de susciter le renouveau et la mise en œuvre des initiatives qui feront entendre et vivre l’Évangile du Règne de Dieu, à tous les âges de la vie. Ainsi, un nouveau visage est donné aux communautés chrétiennes et à la foi en Jésus.

Rappel important
     D’entrée de jeu, il faut noter que Jésus aime s’adresser en parabole aux personnes qui l’entourent. En bon pédagogue, il emprunte, à la vie et aux réalités de tous les jours, des images qu’il applique au domaine de la foi. De ce fait, son message, devient plus compréhensible particulièrement celui, central, sur l’irruption du Royaume et l’attente de son accomplissement total.

     Parallèlement à cette approche utilisée par Jésus, une autre chose est importante à retenir. Le contenu de son message n’est nullement de nature à déclarer irrécupérables et désespérées les situations et les personnes. Son but est toujours d’annoncer un message d’espérance, une bonne nouvelle de salut. Dans les récits évangéliques, plusieurs gestes et paroles de Jésus attestent ce fait. On se souviendra notamment de sa rencontre avec la femme adultère et de la parole : Moi non plus je ne te condamne pas. On se souviendra aussi du cas de Zachée et de celui de la Samaritaine. Dans ces récits évangéliques et d’autres encore, comme dans la parabole des dix vierges, un des messages d’espérance c’est que le salut de Dieu est offert gratuitement à tous, et qu’il ne faut pas attendre qu’il soit déjà trop tard pour chercher à l’accueillir.

Jamais trop tard!
     Il est vrai que la parabole des dix vierges a souvent été lue comme une invitation à suivre l’exemple des cinq prévoyantes et à éviter celui des insensées. Mais voilà que le lecteur et la lectrice que nous sommes doivent sortir de cette lecture moralisatrice, pour s’inscrire dans la ligne de l’agir de Jésus et bien comprendre que son désir a toujours été d’offrir le salut de Dieu à tous les humains, sans exception. Jésus ne nous demande pas de nous assimiler à l’un ou à l’autre groupe de cinq vierges. Mais, il veut éveiller en nous le désir de l’attente de ce salut. Il veut que nous posions sans tarder le diagnostic de notre situation, comme individu et comme communauté, pour prendre des décisions et nous engager sur le chemin du bonheur.

Des conditions?
     Le cheminement de foi proposé par les Évangiles consiste à rencontrer le Christ. Dans la parabole des dix vierges, il est vrai que l’intervention de Jésus vise à susciter la préparation spirituelle des disciples pour qu’ils soient prêts à la venue inopinée du Royaume. D’où la morale de son message : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Être prêt spirituellement est la condition pour avoir part à l’intimité de vie avec l’Époux. Cette préparation sera effective, pour les baptisés qui gardent allumée la lampe du service de l’amour, qui gardent une provision significative d’huile. Il n’est pas possible de transférer cette préparation spirituelle d’une personne à une autre. Il n’est pas non plus possible de communiquer à un autre, « comme par osmose », la relation personnelle développée avec Jésus. Chacun doit y travailler au jour le jour, durant toute son existence.

Des exemples concrets
     Le plus bel exemple de ce travail, nous le retrouvons dans les catéchèses offertes dans les paroisses. Par cette initiation à la vie chrétienne, le fait de proposer Jésus aux enfants se présente de plus en plus clairement comme un accompagnement qui aide le catéchisé à rencontrer Jésus et à faire de lui un ami, un compagnon de route. Le catéchète n’est pas un gourou; sa présence auprès du jeune favorise une rencontre avec Celui qui se donne à désirer et aimer comme un Ami. Les parcours catéchétiques eux-mêmes sont conçus et présentés dans cet esprit. Le contenu biblique y est essentiel pour favoriser une plus grande contemplation de la sagesse divine dans les paroles et l’agir de Jésus.

     Un autre exemple éloquent c’est l’expérience vécue dans les groupes de partage d’évangile et de foi. De plus en plus nombreux dans nos milieux, ils offrent des espaces privilégiés de veille et de recherche de la sagesse de Dieu. Les échanges nourris des membres leur donnent la possibilité de trouver Dieu sur leur route.

Une sagesse pour le Royaume
Sagesse 6, 12-16
...« Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l'aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent...»

     Le rapprochement entre la première lecture de ce dimanche et l’évangile donne des perspectives très intéressantes. La recherche de la Sagesse est décrite comme une expérience amoureuse. Il s’agit d’un désir humain qui consiste à aimer, à rechercher, à veiller et à penser. Cela se fait dans un mouvement de va-et-vient tel que la sagesse elle-même éprouve le désir de se laisser trouver et contempler, car elle vient à la recherche et à la rencontre de l’humain.

Une certitude
1 Thessaloniciens 4, 13-18
...« Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils...».

    Dans son message adressé à la jeune communauté de Thessalonique, Paul est habité par une certitude inébranlable : celui qui a vécu dans le Christ reste en Lui, même après la mort ; il est destiné à la vie du Ressuscité. Cette certitude de Paul se base sur le plan de salut de Dieu, car celui-ci gouverne le monde avec sagesse, sans rien laisser au hasard, en voulant que tout soit en communion avec Lui et avec son Fils.

En conclusion...
     Dieu offre le salut à tous. Il n’est jamais trop tard pour aimer l’espérance qu’il donne, pour le désirer et l’accueillir. Le Seigneur nous donne sa vie et se laisse trouver par qui veut de Lui.

Jean-Chrysostome Zoloshi, ptre, bibliste
Montréal

Source: Le Feuillet biblique, no 2030. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Un seul Père, un seul maître : le Seigneur Jésus