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Vingt-huitième dimanche ordinaire A - 9 octobre 2005
 

À la table de Dieu

Le banquet de noces (Matthieu 22, 1-14)
Autres lectures : Isaïe 25, 6-9; Ps 22(23); Philippiens 4, 12-14.19-20

La parabole de la noce royale précède le récit des derniers jours de Jésus à Jérusalem. Elle est en lien avec les paraboles des deux fils (21, 28-32) et des vignerons meurtriers (21, 33-46). Cette dernière présente le même scénario que l'évangile de ce dimanche. Si, d'une part, un reproche sévère s'adresse aux autorités juives qui refusent le message de l'Évangile, d'autre part, le festin royal est bonne nouvelle pour toutes les nations et l'assemblée des croyants réunis en Église.

L'initiative étonnante du roi
    Un roi célèbre les noces de son fils et le bonheur d'un tel événement se doit d'être partagé. Alors, il envoie des invitations. Chose déroutante, les invités refusent par intérêt, par désinvolture ou par indifférence, et vont jusqu'à maltraiter les serviteurs (v. 6). Ce refus de participer à la fête provoque alors le roi qui offre gratuitement et généreusement son bonheur à ceux et celles à qui le repas n'était pas destiné d'emblée, à savoir aux étrangers, aux inconnus rencontrés par hasard, aux gens ignorés. Mais, depuis quand Dieu agit-il comme les humains? Le salut de Dieu, en effet, est offert à tous sans exclusive, sans limites, sans conditions.

L'image du banquet en Isaïe
Le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés... (Isaïe 25, 6-9).

     Le festin nuptial est la comparaison à laquelle les écrivains bibliques ont fréquemment recours pour parler du monde à venir. Isaïe aperçoit ce temps où toutes les populations juives dispersées à travers le monde seront rassemblées :
     Il enlèvera le voile de deuil...
     Il détruira la mort pour toujours...
     Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l'humiliation de son peuple...

    La comparaison est d'un usage fréquent dans la Bible et dans la tradition rabbinique. Elle commence souvent par une question pour répondre à une question ou à un dilemme. Puis, cette comparaison se développe, devient la trame d'un récit dont on tire un enseignement, une morale, révèlant ainsi une réalité qui n'est pas de ce monde.

    Matthieu, à la lumière de la résurrection, interprète le banquet messianique comme un événement qui est là. Toutes les nations païennes en deviennent les bénéficiaires et sont conviées au repas de l'alliance.

     Manifestement, le roi représente Dieu qui vient au devant des hommes par serviteurs interposés; les noces de son fils évoque la venue de Jésus parmi les hommes et son ministère terrestre; les invités, le peuple juif comme partenaire de l'Alliance; les serviteurs, tous les prophètes que, maintes fois, les autorités juives ont mis à mort.

    Cette parabole du festin royal est relatée par deux évangélistes qui ont vraisemblablement puisé à une même source. Cependant, le rédacteur-évangéliste Matthieu développe avec beaucoup plus de détails la parabole : plusieurs délégations de serviteurs au lieu d'une seule avec un serviteur, les mauvais traitements, la colère du roi, le massacre des serviteurs, le vêtement de noce.

    Cette différence peut faire voir les préoccupations théologiques et le souci pastoral de Matthieu, qui situe la parabole dans un contexte de jugement — celui de Jésus par les autorités religieuses —, mais aussi dans celui de l'ouverture de l'Église primitive aux païens. Dieu offre son bonheur à tous les humains, sans distinction; il les appelle tous à une communion des cœurs et des esprits. Chez Luc, les invités sont les boiteux, les aveugles, les pauvres, les indigents, tous les humiliés. Cette ouverture sans précédent provoqua inévitablement un malaise chez certains judéo-chrétiens.

De quel vêtement s'agit-il?
    La mini-parabole du roi qui rend visite aux convives et rejète l'homme ne portant pas le vêtement de noce peut choquer et heurter. La formule est pour le moins percutante. Il faut éviter de lui faire dire ce qu'elle n'affirme pas. Aussi, faut-il s'attarder au sens de cet épisode.

     Le vêtement de noce est le vêtement de la grâce reçue avec humilité. Dieu, aimant et fidèle, invite gracieusement et veut combler sans mesure tous les humains. Le don n'appelle-t-il pas le contre-don? Dans le même mouvement, chacun, chacune ne doit-il pas saisir sa vie comme un don d'amour qu'il retourne à la Source? À la grâce offerte n'est-il pas normal que succèdent l'action de grâce, le chant de louange, la joie débordante de la fête? Hélas, l'histoire biblique ne cesse de faire voir que si tous sont appelés à répondre personnellement au désir d'amour de Dieu, chacun peut aussi refuser ce qui est offert.

      La finale de la parabole insiste donc sur la réponse personnelle qui est requise, sur le devoir de ne pas s'installer comme chez soi, de respecter l'esprit de l'invitation ; tout est donné, mais tout reste à faire. Les croyants qui ont devant les yeux l'attitude de Jésus, ont à consumer leur vie à la manière de leur Sauveur; il s'agit de mener une existence chrétienne dans les sentiers de la justice et de la droiture, de la compassion et du pardon, de la patience et de la douceur, autrement dit dans l'amour. En étant universel.

    Enfin, pour les chrétiens, dans le rassemblement en Église, le repas eucharistique nourrit de vie éternelle ceux et celles qui mangent de ce pain (Matthieu 26, 26-29). Dans la célébration du repas du Seigneur ressuscité, la communauté reçoit le don du Père et apprend à donner. Quel moment privilégié d'action de grâce au Père qui donne le Fils! Il se poursuit, aujourd'hui, ce festin pour qui répond à l'invitation : Voici... Tout est prêt : venez au repas de noce (v. 4).

La vraie richesse dans le Christ
... Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bienfait de m'aider tous ensemble quand j'étais dans la gêne... (Philippiens 4, 12-14.19-20).

    N'y a-t-il pas chez l'apôtre Paul le comportement exemplaire exigé de qui reçoit l'invitation du Seigneur? L'accès au festin n'est-il pas toujours lié à la bonne conduite durant la vie présente?

    Paul apparaît peu enclin à rechercher dans son apostolat un bénéfice personnel. L'aide reçue des Philippiens n'est-elle pas envisagée avant tout par le missionnaire comme une démarche religieuse de la part de ses frères et sœurs dans la foi, une façon de participer à l'annonce de l'Évangile?

Julienne Côté, CND, bibliste
Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2026. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Attentes divines et réponses humaines