Ton frère
revivra
Mort de
Lazare et retour de Jésus en Judée
(Jean 11, 1-45)
Autres lectures : Ézéchiel
37, 12-14; Ps 129 (130); Romains
8, 8-11
Depuis toujours, ce texte est connu comme la résurrection
de Lazare. Il pourrait tout aussi bien s'intituler : la profession
de foi de Marthe. En effet, l'architecture du récit est
conçue pour mettre en valeur l'affirmation de Marthe, au
v. 27 : Oui Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le
Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. Il s'agit de la
confession de foi en Jésus la plus explicite de l'évangile
(voir aussi celle de Thomas, en Jean
20, 28).
Jésus s'est présenté
lui-même comme vie et résurrection (v.
25) et a affirmé que la foi en lui est le chemin pour
entrer dans la vraie vie (v.
26).
Ce faisant, il se place clairement
dans le monde de Dieu : C'est Yahvé qui fait mourir et
fait vivre, qui fait descendre au Shéol et en remonter (1
Samuel 2, 6). Marthe conclut très justement qu'en
Jésus se réalisent les promesses de Dieu; il est celui
qu'Israël attend, celui qui doit venir, le messie consacré
en vue d'une mission unique et irremplaçable, celui qui entretient
avec Dieu une relation de type personnel qui n'appartient qu'à
lui.
La gloire de Dieu
Au moment d'appeler Lazare du monde
des morts, Jésus dit à Marthe, qui s'inquiète
encore : Ne te l'ai-je pas dit? Si tu crois, tu verras la gloire
de Dieu (v. 40). Or Jésus n'a rien dit de semblable dans
sa conversation avec Marthe, du moins telle que rapportée
par l'évangile. Il a cependant abordé ce sujet dans
la discussion avec ses disciples : Cette maladie ne conduit pas
à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que, par
elle, le Fils de Dieu soit glorifié (v. 4). La souffrance
d'un être humain ne peut pas, par elle-même, apporter
à Dieu la gloire; elle peut cependant permettre à
Dieu de se révéler, de se manifester tel qu'il est
à travers la fragilité humaine. Ainsi Paul pouvait
écrire : Ma grâce te suffit, car la puissance se
déploie dans la faiblesse (2 Corinthiens 12, 9).
La maladie de Lazare va permettre
à Dieu de mettre en uvre sa puissance et de se faire
connaître comme le Dieu de la vie. Le Fils va partager cette
gloire à un double titre. D'abord en intervenant pour faire
revenir Lazare à la vie, Jésus va se révéler
comme participant à la puissance de Dieu lui-même,
révélation qui augmentera la foi des disciples (cf.
v.
15) et celle de Marthe (cf. v.
27) et qui éveillera à la foi de nombreux témoins
de la scène (cf. v.
45). Par ailleurs, en provoquant un surcroît d'hostilité
de la part des chefs juifs, l'événement va devenir
l'élément déclencheur de la condamnation de
Jésus qui sera aussi le moment de sa glorification, c'est-à-dire
de sa pleine révélation comme Fils (cf. Jean
11, 50). La gloire de Dieu que Marthe pourra voir n'est pas
seulement le retour de son frère à la vie mais la
révélation de quelque chose du mystère même
de Dieu, à l'uvre en Jésus et manifesté
par le signe de la victoire sur la mort.
Le retour de Lazare
Le récit de la sortie de Lazare
hors du tombeau est construit lui aussi de manière fort habile.
Après l'annonce de Jésus : Ton frère ressuscitera
(v. 23) on pressent que quelque chose va se passer. Cependant
le narrateur s'emploie à multiplier les étapes de
manière à donner plus d'intensité dramatique
à la scène.
Le passage le plus important est
la prière de Jésus (vv.
41-42). Il rend grâce à son Père de l'avoir
écouté, comme si le miracle avait déjà
eu lieu. Sa confiance est si totale qu'il peut parler ainsi, sûr
de n'être pas déçu. À travers les mots
de cette prière, c'est encore la gloire de Dieu qui se révèle
puisque Jésus nous dévoile la fidélité
du Père qui n'abandonne pas son Fils. Cette garantie donnée
à Jésus - et à la foule des assistants - anticipe
l'intervention définitive que sera la résurrection
de Jésus.
Le retour de Lazare à la vie
n'est pas vraiment une résurrection mais plutôt une
réanimation. L'évangéliste le souligne à
travers le symbole de l'attirail funéraire qui lie encore
Lazare (v.
44). Même revenu à la vie, Lazare reste soumis
à la loi de la mort (cf. Jean
12, 10; nous ne savons pas si les chefs juifs mirent à
exécution leur projet de tuer Lazare). Jésus, lui,
sortira du tombeau totalement libre, laissant derrière lui
tous les signes de la mort (Jean
20, 6-7), entré définitivement dans le monde de
Dieu.
Jérôme Longtin, ptre
Diocèse Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 2005. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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