Jésus
en famille
Premières
paroles de Jésus au Temple (Luc 2, 41-52)
Autres lectures : 1
Samuel 1, 20-22.24-28; Ps 83 (84);
1
Jean 3, 1-2.21-24
Dans l'évangile de Luc, Jérusalem et le Temple occupent
une place importante. C'est dans le Temple que l'évangile
commence, par l'annonce de la naissance de Jean Baptiste ( Lc
1, 8-23) et c'est là aussi qu'il s'achève avec
la scène des disciples réunis en prière après
l'ascension de Jésus (Lc
24, 53). L'ancienne capitale des rois de Juda était restée
le centre religieux du monde juif et son Temple, la résidence
de Dieu au milieu de son peuple.
La scène se passe dans le
cadre d'une fête de la Pâque (v.
41) mais le rituel pascal n'y occupe aucune place. Toute l'attention
porte sur Jésus. On pressent déjà ici que la
Pâque ancienne va céder bientôt la place à
la Nouvelle, celle dont Jésus va devenir le sujet par son
passage de la mort à la vie. Le ressort de l'action réside
dans l'absence de Jésus. Celui-ci n'est pas où il
aurait dû être ou du moins où on pensait qu'il
devait être. Cette recherche de Jésus par Marie et
Joseph fait penser à celle des femmes venues au tombeau qui
ne trouvèrent pas le corps de Jésus (cf. Lc
24, 3). C'est le troisième jour que Jésus est
retrouvé dans le Temple, par ses parents, comme c'est aussi
le troisième jour qu'il se montre vivant après sa
passion (cf. Lc
24, 7). Tous ces indices montrent bien que Luc en racontant
la première Pâque célébrée par
Jésus à douze ans, a en tête la Pâque
définitive, celle du Christ mort et ressuscité.
La première parole de Jésus
Généralement, les parents
retiennent les premiers mots prononcés par leur enfant, même
s'il s'agit, le plus souvent, d'un babillage qu'ils sont les seuls
à comprendre. Les évangiles n'ont pas retenu les mots
de Jésus enfant mais chaque évangéliste rapporte,
au début de son ouvrage, une première parole de Jésus,
différente dans chaque évangile, qui éclaire
le portrait de Jésus. Malheureusement peut-être, la
première phrase que Luc attribue à Jésus est
difficile à traduire. Le lectionnaire l'a rendue par : Comment
se fait-il que vous m'ayez cherché? Ne le savez-vous pas?
C'est chez mon Père que je dois être (v. 49). On
comprend bien que Jésus a un autre Père que Joseph
et qu'il se reconnaît des obligations envers ce père.
Il n'est pas dit clairement que ce Père est Dieu mais comme
la scène se passe au Temple, il est normal de supposer que
ce Père mystérieux a quelque chose à voir avec
ce lieu où Jésus est retrouvé. Jésus
exprime son acceptation du plan de Dieu et son désir d'y
collaborer. Dès son enfance, son existence est tournée
tout entière vers la réalisation de la volonté
de Dieu son Père. À la fin de sa vie terrestre, avant
de mourir sur la croix, c'est encore vers le Père que Jésus
se tournera dans une dernière parole rapportée par
Luc : Père, en tes mains, je remets mon esprit (Lc
23, 46).
Un adolescent brillant
La scène de Jésus au
milieu des docteurs de la loi a inspiré les artistes. Il
faut cependant résister à la tentation d'y voir la
manifestation de quelque pouvoir merveilleux. Quelques lignes auparavant,
Luc a écrit : l'enfant grandissait, se fortifiait et se
remplissait de sagesse et la grâce de Dieu était sur
lui (Lc 2, 40). L'étonnement des savants juifs ne vient
sans doute pas de quelque discours extraordinaire que Jésus
aurait tenu devant eux, mais de la manifestation de cette sagesse
qui fait de lui un adolescent particulièrement éveillé
et attentif à tout ce qui concerne la Parole de Dieu. D'ailleurs
la scène se termine par un résumé semblable
qui exprime bien la réalité de l'Incarnation : le
Fils de Dieu qui accepte de prendre le temps de grandir et de faire
l'apprentissage d'une vie d'homme dans une vraie famille humaine
(vv.
51-52).
Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 1951. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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