Je me
souviens?
Le
tombeau vide (Jean 20, 1-9)
Autres lectures : Actes
des Apôtres 10, 34a-43; Ps 117 (118);
Colossiens
3, 1-4
Récitatif
de Luc 24, 5b-6a
Dans tous les évangiles, ce sont des femmes qui, aux premières
lueurs du matin de Pâques, se rendent d'abord au tombeau pour
découvrir que le corps du Seigneur Jésus
(Lc 24, 3) n'est plus là. Luc est cependant le seul à
rapporter la parole des anges aux femmes : Rappelez-vous
ce qu'il vous a dit quand il était encore en Galilée
(24, 6). Et il ajoute : Alors elles se rappelèrent
ses paroles (24,8). Cette résurrection de la mémoire
leur a permis de passer du désarroi et de la crainte à
la foi qui donne le courage de témoigner.
Contrairement aux femmes, les apôtres
et ceux qui sont avec eux souffrent d'une grave panne de mémoire : ces
propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient
pas (24, 11). Il est vrai que ce que leur annonçaient
les femmes était dur à avaler. Un mort qui serait
désormais vivant : voilà qui tient du délire!
Pourtant, les Onze et leurs compagnons étaient aussi bien
équipés que les femmes pour passer de l'incrédulité
à la foi. Comme elles, ils auraient pu raviver leur mémoire.
Le Christ ressuscité lui-même le leur dira plus tard
ce soir-là : Rappelez-vous les paroles que je vous
ai dites quand j'étais encore avec vous (24, 44)! Il
semble pourtant qu'ils aient été plus difficiles à
convaincre.
Et nous qui célébrons
aujourd'hui la sainte fête de Pâques, dans quel camp
nous situons-nous? Du côté des femmes ou bien du côté
des apôtres? Sommes-nous comme les chrétiens de l'Orient
qui se salueront aujourd'hui en proclamant : Le Christ
est ressuscité, Alléluia! Il est vraiment ressuscité,
Alléluia!? Ou bien faudra-t-il qu'on nous demande à
nous aussi : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les
morts? (24,5).
À chaque eucharistie, nous
faisons mémoire de la mort et de la résurrection de
Jésus Christ. Faire mémoire signifie beaucoup plus
que se souvenir. À chaque fois que nous rompons ce pain et
buvons à cette coupe, le Vivant se rend présent et
nous fait déjà passer avec lui de la mort à
la vie. Puisse notre célébration de Pâques ressusciter
notre mémoire croyante, permettre au Christ vivant à
jamais de se rendre présent en nous. Ainsi, comme les femmes
du matin de Pâques, nous pourrons témoigner de notre
foi malgré les refus de croire de nos contemporains.
Yvan Matthieu, SM
Facutlé de théologie
Université d'Ottawa
Source: Le Feuillet biblique,
no 1966. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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