À
la suite du Christ
Sur
le chemin du Golgotha (Luc 23, 26.32-46)
Autres lectures : Isaïe
50, 4-7; Ps 21 (22);
Philippiens
2, 6-11
Chaque évangéliste a son point de vue en racontant
la Passion. L'appel à l'imitation de Jésus qui est
doux et miséricordieux constitue la touche propre de saint
Luc. L'attitude de quelques personnages de la Passion nous en fournit
une illustration.
Prenons saint Pierre. Même
son reniement n'abolira pas l'amitié de Jésus pour
lui. Quand tu seras revenu, lui dit Jésus, affermis
tes frères. Si nous avons péché, nous pouvons
nous prévaloir de la miséricorde de Dieu comme Pierre
et contribuer à la vitalité de l'Église.
Considérons encore Simon de
Cyrène et le portement de la croix. Luc évite de parler
de réquisition dans le cas de cet homme qui revenait des
champs et qui a porté la croix de Jésus. Luc choisit
un mot de sens plus général : « charger de »,
qui peut être aussi bien utilisé pour une mission de
confiance que pour une peine. La suite de la phrase est la formule
de l'engagement chrétien : « la croix...pour qu'il la
porte derrière Jésus ». On se remémore
l'enseignement déjà donné : Celui qui veut
être mon disciple, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive
(voir Luc
9, 23 et 14,
27). L'image de Simon forme pour chaque disciple un rappel de
sa vocation à suivre réellement le Christ.
La figure émouvante du larron
retient notre attention. Un des malfaiteurs refuse de s'associer
aux outrages proférés par l'autre voleur crucifié
à côté de Jésus. Il confesse leur culpabilité
à tous deux et reconnaît l'innocence de Jésus
: Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer
ton règne. Jésus lui répond: Amen, je
te le déclare, aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
Luc atteste de cette manière l'efficacité du sacrifice
de Jésus: la croix transforme le monde en produisant la conversion
des âmes et en leur ouvrant le Paradis. Écoutons ce
qui se dit sur le Calvaire : Père, pardonne-leur : ils
ne savent pas ce qu'ils font. C'est l'accomplissement du précepte
de Jésus sur l'amour des ennemis (Luc
6, 27-36; 17,
3). Le premier martyr, Étienne, s'engagera sur la même
voie (Actes
7, 60).
L'imitation de Jésus est une
entreprise difficile. Être patient comme lui. Pardonner comme
lui. Un jour une femme a dit au Padre Pio : « Je veux devenir
une sainte ». Avec un beau sourire, le Padre Pio lui a dit
: « Très bien, ma fille, mais sache bien que c'est une
vie de chien ».
Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 1965. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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