Il y a
toujours du bon
La femme
adultère (Jean 8, 1-11)
Autres lectures : Isaïe
43, 16-21; Ps 125 (126);
Philippiens
3, 8-14
Une parole de Jésus qui résume admirablement son
action se trouve dans le repas qui suit la vocation de Lévi.
Dans la maison du publicain converti, des critiques sont formulées
devant la miséricorde de Jésus. Il répond :
Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin
de médecin, mais les malades; je ne suis pas venu appeler
les justes, mais les pécheurs, au repentir (Luc 5, 31-32).
En fait tout au long de sa vie publique, Jésus s'affirme
le prophète de la dernière chance. À des pécheurs
désespérés de leur état, à ceux
que l'opinion publique dirigée par les pharisiens range parmi
les incurables, Jésus vient offrir une occasion inespérée.
Son comportement transcende toute prudence humaine. Un autre aurait
craint de se mouiller mais Jésus, Fils du Père, aborde
les pécheurs avec l'audace de Dieu lui-même.
Les exemples se multiplient en saint
Luc. La pécheresse pardonnée et aimante vient
lui arroser les pieds de ses larmes et les oindre de parfum (Luc
7, 38). Le publicain de Jéricho, Zachée, est convoqué
à une rencontre chez lui pour fêter son retour à
Dieu (Luc
19, 5). Ces hommes et ces femmes ont senti que Jésus
pouvait récupérer ce qu'il y avait de bon en eux.
Ici, Jésus agit en conformité avec son attitude de
toujours. La femme adultère n'a pas trouvé parmi les
docteurs de la Loi un seul qui la croie récupérable.
Selon le Lévitique (20,
10) et le Deutéronome (22,
22), la lapidation était la punition de ceux qui commettaient
l'adultère. Il n'est pas clair si la femme a déjà
été jugée par une cour juive ou si cette cour
a le pouvoir d'appliquer la peine capitale au 1er siècle.
Il n'est pas clair non plus si les autorités juives sont
sur le point d'appliquer la loi ou si on va voir Jésus pour
qu'il en décide. Le partenaire adultère est absent,
lui qui, si la femme est mariée, est également adultère.
Au contraire de ceux qui s'apprêtent à la lapider,
Jésus lui dit : Je ne te condamne pas. Va, désormais
ne pèche plus.
La miséricorde de Dieu atteint
tous les milieux, même ceux où l'action humaine ne
paraît rien donner. Les prisons constituent souvent des lieux
où se passent d'étonnantes conversions. On ne désespère
ni du criminel que les preuves accablent ni des habitudes invétérées
qui peuvent s'agripper au dedans de nous. Prenons garde aux jugements
rapides et définitifs sur les autres de peur de nous faire
dire : Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il
soit le premier à lui jeter la pierre... et d'avoir à
nous retirer, à commencer par les plus âgés.
Soyons discrets avec ceux qui sont pris en flagrant délit.
Jésus, lui, écrivait sur le sable, peut-être
pour ne pas dévisager la femme et lui faire honte.
Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 1964. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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