Le sacrement
de Jésus
Des
foules viennent à Jésus (Luc 6, 17.20-26)
Autres lectures : Jérémie
17, 5-8; Ps 1, 1a.c-2, 3, 4.6a
1
Corinthiens 15, 12.16-20
Heureux, vous qui êtes pauvres, qui avez faim, et qui
pleurez (Luc 6, 20-21). Voilà les tout premiers mots
que Jésus adresse à ses disciples rassemblés
autour de lui. Ces paroles ont dû déconcerter son auditoire
formé de gens venus de toute la Judée et du littoral
de Tyr et de Sidon (v. 17). Pensez donc, proclamer bienheureuse
la condition misérable de ces pauvres! C'est presque leur
faire affront. Pourquoi devraient-ils être heureux et sauter
de joie (v. 23), alors que le malheur est leur lot quotidien?
Et comment, là où s'accumule toute la détresse
du monde, le Royaume pourrait-il s'installer?
Pourquoi?
Une des premières raisons
est que le pauvre a toujours été considéré
dans l'évangile comme le «sacrement de Jésus».
Il est le lieu privilégié où l'on peut atteindre
celui qui a donné sa vie pour l'humanité. Il est le
«signe» que Dieu est là en Jésus. Accueillir
ces méprisés, c'est le trouver, c'est le toucher,
c'est l'approcher de près, de très près...
Comment?
Le point de jonction entre le misérable
et Jésus est aussi le «sacrement de notre délivrance».
Comment? En ce sens que le dénuement est l'unique lieu où
peut s'effectuer cet «admirable échange» entre
le divin et l'humain, entre le très riche et le très
pauvre : De riche qu'il était, Jésus s'est
fait pauvre, pour nous enrichir (2 Co 8, 9). C'est sur cette
faiblesse que Dieu s'est penché lorsqu'il a permis que son
Fils en prenne la livrée et surtout en subisse les limites.
Si les pauvres donc sont la porte d'entrée pour le rejoindre,
nous pouvons dire que toute pauvreté est également
chemin qui conduit vers lui. Mais si, en lisant ces lignes, je ne
me reconnais pas pauvre de biens matériels, comment alors
puis-je prétendre avoir accès au cur de Dieu,
c'est-à-dire à la miséricorde de son Fils?
En posant la question, nous avons donné un élément
de réponse dans le mot «miséricorde».
Une corde tendue à notre misère
Quelqu'un a dit que «La miséricorde
est une corde tendue à la misère», et j'ajouterais,
à la vraie misère, celle qui emmure de l'intérieur
et qui bloque l'accès au bonheur. Si vendre ses biens n'est
pas facile, lâcher prise pour faire le saut de la foi est
encore plus difficile. Mais, selon Jésus, c'est le prix à
payer pour tomber dans les bras de son Père et pouvoir enfin
être bienheureux.
Ghislaine Salvail, SJSH
M. en théologie
Licence en Littérature française
Baccalauréat en enseignement
Source: Le Feuillet biblique,
no 1958. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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