Touchés,
envoyés!
Jésus
appelle ses premiers disciples (Luc 5, 1-11)
Autres lectures : Isaïe
6, 1-2a.3-8; Ps 137 (138);
1
Corinthiens 15, 1-11
Jésus quitte sa montagne natale pour gagner le grand lac.
Quel risque pour un Juif pieux! Il va côtoyer des populations
mises en contact avec les païens qui circulent sur les grandes
routes. Mais il y a un autre problème. Que connaît
à la pêche ce fils de charpentier? Malgré son
incompétence génétique, ce Maître inspire
la confiance de quelques hommes. Ils avaient autre chose à
faire sur le rivage que d'écouter la parole de Dieu! Jésus
réquisitionne leur bateau pour accomplir la tâche qui
lui sied si bien : enseigner.
Jésus introduit ensuite une
distance entre la foule et les pêcheurs. Il suscite devant
eux une véritable abondance messianique. La grande quantité
de poissons, prise au moment le moins favorable de la journée,
révèle l'identité de Jésus comme messager
divin. Ce signe apprend à Simon que le Maître est rempli
de la sainteté de Dieu. Jésus est capable de le sauver
des profondeurs du mal symbolisées par le grand large.
Les personnes que Simon capturera
seront en fait délivrées des profondeurs du mal. Surtout,
elles seront rassemblées pour la vie. Ainsi, la vision du
signe prophétique change la qualité des témoins
et leur confère une nouvelle compétence. Les temps
sont différents. « Désormais », il est normal
de se mettre à la suite de Jésus, de changer de travail.
En contexte de société
méditerranéenne, transformer le travail de quelqu'un,
c'est changer sa position dans la société. À
cause de la priorité accordée au lien social, cela
équivaut à changer la personne comme telle. Qu'on
ne s'étonne pas de trouver ici la seule mention chez Luc
du nom composé « Simon-Pierre ». Sa rencontre avec
Jésus produit un personnage transformé, bientôt
proposé en modèle à tous les disciples de tous
les temps.
Le concret du signe relie l'évangile
à la première lecture. Des cris et de la fumée
du Temple aux filets parfumés au poisson surabondant, plusieurs
sens sont mis en action! De plus, la première lecture insiste
sur la totalité (les pans du manteau divin remplissent tout
le Temple) autant que l'évangile, où les nouveaux
disciples quittent tout pour suivre Jésus. Ces connexions
plaident en faveur d'une méditation qui dépasse le
simple rappel des anecdotes bibliques. Au-delà de la redite,
accueillons un encouragement inédit suscité par l'action
divine au cur de nos vies.
Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval
Source: Le Feuillet biblique,
no 1957. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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