Le défi
de la joie
La prédication
de Jean le Baptiste (Luc 3, 10-18)
Autres lectures : Sophonie
3, 14-18a;
Cantique : Isaïe
12, 2, 4b-e,5b-6; Philippiens
4, 4-7
Les gens de notre époque ne se contentent pas d'expériences
extatiques du sacré. Elles et ils désirent passer
à l'action. Avoir le geste juste semble plus important que
prononcer la bonne parole ou avoir la meilleure idée!
Des gens de l'époque de Jean
le Baptise (littéralement : le Plongeur) acceptaient de vivre
le rite de passage et de conversion qu'il proposait au désert.
Mais cela ne suffisait ni aux foules (le bon peuple juif), ni aux
collecteurs d'impôts ou aux soldats (les collaborateurs des
occupants romains). Ces gens voulaient agir.
Les réponses pratiques de
Jean sont percutantes, quand on connaît les conditions de
vie de l'époque. À des gens toujours menacés
par la pénurie, Jean propose le partage. Accaparer, quand
tant de gens manquent de tout, c'est péché! Aux entrepreneurs
qui se sont vu octroyer par les envahisseurs les privilèges
de la collecte d'impôt privatisée, Jean vante les mérites
de la retenue. Aux soldats moins soumis qu'aujourd'hui aux codes
de déontologie et aux limites imposées par les Chartes,
Jean prêche les mérites de la non-violence et de la
frugalité. Autant leur suggérer de renoncer aux bénéfices
marginaux de la profession...
C'est une série de paroles
assez décapantes. Pour un peuple en mal de Messie, il y avait
de quoi espérer. Mais, en vrai prophète capable de
lire les pensées, Jean ne tolère pas d'erreur sur
la personne. Il n'est pas le personnage attendu. Et il ne le nomme
même pas, ce qui nous vaut un évangile où Jésus
n'est pas explicitement nommé.
En conformité avec son plan
de carrière, Jean annonce les événements à
venir et se rabaisse. C'est quand même fort : dans une société
où la valeur suprême est l'honneur, Jean s'en prive
délibérément! La suite de ses propos explique
la raison de sa modestie. Le personnage qui viendra aura droit de
jugement sur les mérites des gens. Il décidera qui
sera soigneusement engrangé dans les réserves de Dieu,
et qui sera laissé de côté comme la paille superflue.
Elle est là, la bonne nouvelle
de ce jour. Ne nous laissons pas troubler par la perspective du
jugement. L'insistance n'est pas sur la paille brûlée,
mais sur le grain amassé dans le grenier. La conclusion de
l'épisode confirme cette tendance positive : « Par ces
exhortations et bien d'autres encore, il annonçait au peuple
la Bonne Nouvelle ».
Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval
Source: Le Feuillet biblique,
no 1949. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Une voix qui porte...
|