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Dimanche de la Trinité A - 26 mai 2002
 
« Dieu a envoyé son Fils »

Le fils médiateur et le jugement (Jean 3, 16-18)
Autres lectures: Ex 34, 4b-6.8-9; 2 Co 13, 11-13

L'évangile de ce dimanche est l'un des textes bibliques qui inspireront plus tard aux Pères de l'Église la foi en un Dieu Trinité. Il s'agit d'un extrait du célèbre dialogue de Jésus avec Nicodème. Dans le passage choisi, il est question du rôle de Jésus Christ dans le salut de l'humanité. Chacun des trois versets dit un peu la même chose, à quelques nuances près. Le verset 16 dit que tout homme qui croit en Jésus obtient la vie éternelle, ce qui est l'expression typiquement johannique du salut. Le verset 17 précise que Jésus n'est pas venu juger, mais bien sauver le monde. Le verset 18 renchérit en stipulant que le croyant en Jésus échappe au jugement. Notre passage (Jean 3,16-18) présente donc la foi en Jésus comme le moyen assuré d'être sauvé.

     Le hic est que Jésus y est appelé le « Fils unique » de Dieu. L'exigence pour être sauvé est de croire que Jésus est le Fils unique de Dieu. Mais à quoi peut bien nous servir de croire en la divinité de Jésus? Ce serait un Dieu étrange qui nous demanderait la bonne réponse au mystère de la nature profonde de Jésus de Nazareth. Ce serait un Dieu « prof », satisfait que nous lui répétions la leçon… Non, ce n'est pas le Dieu de saint Jean!

     En fait, ce n'est pas la divinité de Jésus qui est en jeu dans ce texte, mais plutôt son envoi par Dieu. Suivant la culture de l'époque, saint Jean nous présente Jésus comme un fils que son père envoie en mission. Lorsqu'un homme ne pouvait régler lui-même ses affaires à distance, il envoyait un messager ou un représentant. Souvent, par prudence, il s'agissait du « fils aîné » ou du « fils unique », puisque, étant l'héritier, on pouvait lui faire confiance pour veiller aux intérêts du père… Saint Jean emprunte ces mots aux us et coutumes de son temps afin de présenter Jésus comme l'envoyé de Dieu qui sauve le monde au nom de Dieu, en l'absence physique de ce dernier.

     Pour recevoir la vie que Jésus le Fils apporte de la part de Dieu le Père, il faut simplement l'accueillir, c'est-à-dire croire qu'il a bel et bien été envoyé comme unique représentant de Dieu, qu'il est en ce sens précis le « Fils unique » de Dieu. Ce n'est pas encore la deuxième personne de la Trinité, mais ça en prend déjà deux pour sauver l'humanité…

Rodolfo Felices Luna

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1885. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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