Au soir
de Pâques...
déjà
la Pentecôte
Jésus
apparaît à ses disciples (Jean 20, 19-23)
Autres lectures: Ac
2. 1-11; Ps 103 (104) ; 1
Co 12, 3b-7.12-13
Comme celui de la venue de l'Esprit en Actes 2, ce récit
commence par une indication de temps - nous sommes au soir de ce
jour, le premier de la semaine, où fut trouvé vide
le tombeau de Jésus - et par la mention du rassemblement
des disciples en un même lieu; l'évangile précise
que cet endroit était fermé, par crainte des Juifs
(v. 19). Suivent les deux volets d'une manifestation de Jésus
ressuscité : la reconnaissance (vv. 19-20) et l'envoi en
mission (vv. 21-23).
La reconnaissance
Jésus est là, au milieu
des disciples. Il prend la parole pour souhaiter la paix (v. 19)
ce qui est une manière habituelle de saluer, en Orient, mais
qui, aussi, rappelle la parole de Jésus dite avant sa passion
: Je vous donne ma paix (Jn 14, 27). À la parole,
il joint le geste : il montre ses mains et son côté
(v. 20). C'est par les marques de la passion, plus que par toute
autre caractéristique, qu'on peut identifier Jésus;
il est le crucifié. L'évangéliste conclut en
disant que les disciples se réjouissent (v. 20). Tout se
passe comme si aucun doute ne subsistait dans l'esprit des disciples
: la parole et le signe suffisent à faire reconnaître
Jésus ressuscité.
La mission
L'oeuvre de Jean ne comporte pas,
comme celle de Luc, un deuxième tome qui raconterait les
débuts de l'Église. C'est à l'intérieur
même de son évangile que Jean doit montrer que l'oeuvre
de Jésus ne se termine pas avec sa mort sur la croix; bien
au contraire, elle se prolonge dans une mission dont on ne précise
les limites ni dans le temps, ni dans l'espace. Autrement dit, les
disciples sont envoyés partout et toujours, comme Jésus
lui-même. Cet envoi se déroule en trois temps: l'énoncé
de la mission (v.21), l'aide nécessaire pour exécuter
la mission (v. 22), l'objet de la mission (v. 23).
De même que le Père
m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. La mission tire
son origine de Dieu lui-même, qui envoie dans le monde son
Fils. A son tour, celui-ci envoie les disciples pour prolonger sa
mission : les apôtres sont, dans le monde, les envoyés
de l'Envoyé du Père (cf. Jn 17,18).
Encore une fois, Jésus joint
le geste à la parole - ici le geste précède
la parole qu'il signifie - il souffle sur les disciples et dit
: Recevez le Saint Esprit (v. 22). Pour accomplir leur mission,
les envoyés de Jésus ne sont pas laissés à
eux-mêmes. Jésus leur donne celui qu'il leur avait
promis avant sa passion en l'appelant le Défenseur (Jn 14,
16), l'Esprit de vérité (Jn 14, 17), celui qui enseignera
tout (Jn 14, 26), celui qui rend témoignage (Jn 15, 27),
celui qui guidera vers la vérité tout entière
(Jn 16, 13).
L'objet de la mission est exprimé
en rapport avec la remise des péchés ou leur maintien
(v. 23). Ce vocabulaire renvoie à des catégories juridiques
déjà en usage dans le judaïsme et reprises dans
l'Église, dès les origines. Les responsables de la
communauté reçoivent la charge de discerner si telle
personne vit en accord avec son statut de disciple de Jésus
ou non. L'aide de l'Esprit est particulièrement importante
parce que ce qui est en jeu, c'est l'identité de la communauté
et son unité. Remettre les péchés, c'est révéler
à chaque personne qu'elle est aimée de Dieu et appelée
à entrer dans son alliance. Maintenir les péchés,
c'est constater que la proposition de la Bonne Nouvelle peut être
rejetée, que des personnes peuvent vivre en désaccord
avec l'appel qu'elles ont reçu. En ce cas, la mission consiste
à continuer de les interpeller et de les inviter à
la conversion.
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1884. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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