Se laisser
instruire... comme Jésus!
L'entrée
triomphale à Jérusalem (Matthieu 21, 1-11)
Autres lectures: Is
50, 4-7 ; Ps 21 (22) ; Ph
2, 6-11
Anodine, cette scène d'entrée à Jérusalem
si souvent proclamée? Pas du tout pour des oreilles familières
avec les envolées du prophète Zacharie du Premier
Testament. L'entrée triomphale racontée selon Matthieu
est une affirmation fracassante du « temps de Dieu ».
Un « séisme » survient au moment de l'entrée
à Jérusalem et lorsque Jésus est en croix.
Tout le cosmos s'implique dans ce long moment de transition vécu
à Jérusalem. En Zacharie
14, 4, nous constatons que le mont des Oliviers devait servir
de marchepied royal pour Dieu à la fin des temps. Que Jésus
parte de ce point précis pour entrer dans la ville sainte
n'est pas un détail! De même, sa monture très
humble se réfère aux intentions pacifiques du Roi-Messie
de Zacharie
9, 9.
Les gens qui l'accueillent ne se
gênent pas pour rehausser l'éclat de son entrée.
On utilise des matériaux végétaux familiers
lors de la célébration de la fête des Cabanes.
Cette joyeuse célébration évoquait le temps
béni du séjour au désert, alors que la vie
du peuple dépendait uniquement de la bonté divine.
Les titres donnés à
Jésus dans les acclamations et les commentaires du peuple
en font une personne de rang royal qui tire son autorité
de Dieu lui-même. Tel est l'environnement dont nous devrons
tenir compte en lisant le grand récit de la passion. Trahison,
faux témoignages, va-et-vient entre les instances judiciaires,
rudoiement des militaires perdent alors beaucoup de leur tragique.
L'endurance de Jésus est logique. Son intervention pacifique
a été entérinée par le peuple dès
le commencement et est marquée du sceau de Dieu. Son déshonneur
sera temporaire. Son honneur sera restauré après la
dévastation honteuse de la mort en croix. Jésus subit
la souffrance sans remettre en question ses certitudes. Son comportement
révèle l'essentiel de la vie croyante : la certitude
d'un lien, d'une relation plus résistants que la mort elle-même.
Comment traduire dans notre univers
mental d'individualisme et de succès personnel cet attachement
énergique à Dieu, source de toute vie et de tout honneur?
Croire et espérer, cela devient alors une contestation permanente.
Le temps est peut-être venu, dans nos rassemblements communautaires,
d'entendre des récits actuels de la bouche même de
gens comme nous qui réapprennent la vie grâce à
leur association étroite avec Dieu. Telle est la valeur de
la vie des disciples. Savoir que nous ne sommes pas seuls et le
laisser entendre. En sachant que cela ne sera pas toujours bien
accueilli...
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1876. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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