Rendez-vous
avec la vie
Mort de
Lazare et retour de Jésus en Judée (Jean 11,
1-45)
Autres lectures: Ez
37, 12-14 ; Ps 129 (130) ; Rm
8,8-11
Le carême tire à sa fin et la liturgie nous propose
un passage de l'évangile de Jean où survient une résurrection.
Déjà, nous voici aux portes de ce mystère de
Pâques que la Veillée pascale illuminera de tous ses
feux. Dès son séjour terrestre, le pouvoir de Jésus
sur la vie, qu'il tient de son Père, se révèle
dans cet épisode qui met Lazare en vedette.
Mais attention : oui, Lazare est
au coeur du récit. Il déclenche l'intrigue. Les dialogues
se réfèrent à sa mort. Pourtant Jésus
est le personnage principal, celui en face duquel chacun et chacune
se situe. Outre Lazare, plusieurs autres acteurs interviennent.
Deux de ceux-ci occupent une place particulière : les soeurs
de Lazare, Marthe et Marie. Ces deux femmes apparaissent aussi dans
un récit de l'évangile de Luc (10,
38-42). Jésus voit alors en Marie celle qui a choisi
la meilleure part. Elle tient le beau rôle tandis que Marthe
lui sert de faire-valoir. Jean inverse l'ordre des choses dans le
récit évangélique d'aujourd'hui. Juste retour
du balancier, Marthe apparaît ici comme l'exemple et Marie,
le contre-exemple.
Les deux soeurs s'adressent à
Jésus de manière semblable, mais significativement
différente. Toutes deux l'abordent ainsi : « Seigneur,
si tu avais été là, mon frère ne serait
pas mort » (vv. 21.32). Or, Marthe poursuit en témoignant
sa confiance à l'égard de Jésus, même
en face de la mort (v.
22). Ces remarques déclenchent un échange entre
elle et le Maître qui l'amène à confesser sa
foi sans équivoque (v.
27). Marie, elle, s'en tient à la première phrase,
qui prend ainsi le ton d'un reproche. De plus, elle demeure du côté
de la mort, se confinant à son rôle de pleureuse (vv.
32-33).
L'intérêt de ces deux
personnages tient à ce qu'ils nous renvoient à nous-même,
comme le fait le récit de l'évangéliste Luc
où les deux soeurs reçoivent Jésus chez elles.
À laquelle ressemblons-nous? À Marie, qui se laisse
submerger par le deuil et se confine dans une tristesse qui la paralyse?
À Marthe, encline à laisser le Christ et sa parole
la travailler dans ce moment sombre? Marthe n'est pas indifférente
à la douleur de la mort: comme sa soeur, elle vit un deuil
(v.
19). Mais, contrairement à Marie, elle se laisse toucher
par la présence de Jésus, envahir par sa lumière
afin de ne pas trébucher (vv.
9-10). Difficile d'arriver à une réponse claire
et définitive. Le carême est un temps de passage au
cours duquel nous faisons face aux plus grands des mystère:
celui de la vie et celui de la mort. La foi au Christ apporte une
lumière. Ouvrirons-nous les yeux?
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1875. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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