Comme
s'il voyait l'invisible
Le tombeau
vide (Jean 20, 1-9)
Autres lectures: Ac
10, 34.37-43 ; Ps 117 (118) ; Col
3, 1-4
La résurrection de Jésus Christ est le fondement
de notre foi chrétienne : Si le Christ n'est pas ressuscité,
vaine est notre foi, ose affirmer Paul (1 Corinthiens 15, 14).
Mais cette réalité spirituelle ne peut faire surgir
en nous le goût de la fête qu'à certaines conditions.
Il faut que nous ayons une confiance raisonnable dans la valeur
du témoignage des apôtres et de ceux qui l'ont transmis
par écrit longtemps après. C'est pour cette raison,
justement, que la première lecture nous ramène aux
temps apostoliques. Les témoins de la première heure
proclament ce qu'il est convenu d'appeler le kérygme primitif
qui demeure le noyau dur de la foi chrétienne.
Notre passage d'évangile semble
fusionner deux textes anciens de visites au tombeau de Jésus.
La première visite rappelle celle des femmes et l'autre celle
des disciples Pierre et Jean. Ces deux récits ne nous sont
pas donnés dans le but de forcer la foi en la résurrection
du Christ, mais plutôt pour nous y faire entrer progressivement.
Devant l'épreuve du vide de cette tombe, devant du corps
de Jésus, naîtra la foi en sa résurrection.
Durant toute notre vie d'ailleurs, nous aurons à approfondir
ce mystère car personne n'y pénètre une fois
pour toutes.
Jean attribue un rôle important
à ce disciple que Jésus aimait (Jean 13, 23).
Il serait d'ailleurs le rédacteur du récit qui nous
occupe. Jean devance Pierre dans la course au tombeau et jette un
premier regard. Cependant il n'entre pas. Mais le linceul resté
là (v. 5) fait surgir de sa mémoire des paroles
de Jésus concernant sa résurrection (Jean
11, 24-25) et lui ouvre les yeux de la foi (v. 8). À
la suite de ses ancêtres, il entreprend le long chemin du
croyant comme s'il voyait l'invisible (Hébreux 11,
27).
Quant à Pierre, il dut se
départir de sa belle assurance coutumière pour entrer
à son tour dans la foi. Ainsi, à la suite de leur
premier chef, il faut désormais que les membres de l'Église
puissent eux aussi entrer spirituellement dans le rocher où
a reposé le corps du Jésus Christ. Entrer, non pas
pour entretenir l'angoisse de son absence, mais pour essayer de
mieux saisir le sens de ces paroles : Il fallait que Jésus
ressuscite d'entre les morts (Jean 20, 9). Oui, il fallait que
Jésus revienne d'entre les morts, quitte le tombeau, pour
que nous puissions vivre de sa vie jusqu'à la fin des temps
et au-delà de ce temps.
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1877. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Se laisser instruire... comme Jésus!
|