Dire «
oui », faire « oui »!
Parabole
des deux fils (Matthieu 21, 28-32)
Autres lectures: Ézéchiel
18, 25-28; Ps 24 (25); Philippiens
2, 1-11
Quand j'étais petit gars, des adultes autour de moi profitaient
de la proclamation de cet évangile pour me dire : «
Regarde comme Jésus connaît les enfants fourbes, qui
n'écoutent pas les parents...». Cette réaction
me choquait : je sentais confusément que la parole de Jésus
était plus sérieuse, plus exigeante qu'une simple
remontrance à des enfants turbulents... En fait, Jésus
s'adresse aux adultes de son peuple qui détiennent l'autorité:
les chefs des prêtres, les anciens. Il y a donc du reproche
dans l'air, un reproche dirigé contre des personnes arrivées
au sommet de leurs responsabilités. Étrange: ces gens
seraient coupables d'incohérence...
L'évocation du comportement
incohérent des deux fils nous renvoie à des expériences
amères, des expériences terribles. Nous y avons vécu
la désillusion des belles promesses, le réveil brutal
des gens qui se sont fait rouler par des mots, encore des mots,
rien que des mots...
Les paroles de Jésus sont
comme un miroir. Parfois, nous faisons la même chose que le
fils inconséquent de la parabole. À Dieu, nous avons
dit «oui» lors de notre confirmation, de notre première
communion, du sacrement de notre mariage. Puis après... nous
sommes sans doute passés à autres choses! Nous sommes
comme la poupée qui fait non dans la chanson... C'est le
drame de notre temps: nous n'avançons sur les sentiers de
la cohérence entre nos paroles à Dieu et notre vie
avec Dieu que si nous sommes coincés, lorsque c'est la seule
issue! Nous oublions cette parole terriblement lucide de Jésus,
qui dit dans l'évangile d'un précédent dimanche
: « Ce ne sont pas ceux qui diront SEIGNEUR, SEIGNEUR qui seront
sauvés, mais ceux qui font la volonté de mon Père
du ciel... »
Mieux vaut « faire oui »
que seulement « dire oui ». Ce n'est pas parfait, c'est
un peu décevant pour Dieu, cette hésitation, mais
c'est finalement un pas dans la bonne direction.
Pour nous mettre un peu plus à
l'aise dans notre vie avec Dieu, souvenons-nous de l'expérience
des premiers chrétiens. C'étaient des gens qui vivaient
un équilibre étonnant entre la parole et les actions.
C'étaient des gens de prière et de célébration;
c'étaient aussi des gens de partage, et des gens qui investissaient
du temps pour comprendre la vie avec Dieu. Aujourd'hui, avec nos
mots, nous dirions que la vie chrétienne équilibrée
ressemble à un chariot à quatre roues: la prière,
le repas de Jésus, le partage, l'éducation de la foi.
Les mots autant que les gestes permettent d'avancer sur les chemins
de la Vie. Nos «dire oui » exigent que nos « faire
oui » soient à la hauteur. Ainsi, nous dépasserons
les limites des enfants incohérents. Ainsi, nous vivrons
en adultes à la hauteur du don de Dieu.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1895. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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