Un problème
d'équité salariale
Les
ouvriers de la onzième heure (Matthieu 20, 1-16a)
Autres lectures: Isaïe
55, 6-9; Ps 144 (145); Philippiens
1, 20c-24.27a
La parabole, donnée sans introduction, se rattache à
ce qui la précède: le discours sur la récompense
de ceux qui ont tout quitté pour suivre Jésus. Ceux-ci
seront perçus, socialement, comme des derniers parce qu'ils
ont renoncé à tout ce que le monde considère
important, mais dans le Royaume, ils seront premiers, parce que
Dieu ne juge pas à la manière humaine. Il est bon
(v. 15; cf. Mt
19, 17 : un seul est bon) et sa bonté lui fait
donner avec générosité à chacun ce dont
il a besoin pour entrer dans le Royaume.
Par ailleurs, si on regarde la parabole
pour elle-même, elle est susceptible de plusieurs interprétations
qui sont complémentaires plutôt que concurrentes.
Une interprétation sociale
Un denier par jour (cf. verset
2), c'est le salaire normal d'un ouvrier, au temps de Jésus.
Ce n'est pas la richesse mais le nécessaire pour vivre. Le
maître de la parabole se soucie de donner à chacun
de ses employés ce minimum. En cela, il imite la manière
d'agir de Dieu lui-même, lui qui nourrit les oiseaux et décore
les fleurs des champs (cf. Mt
6, 25-34); il devient un signe du Royaume déjà
en marche. Ainsi, dans la communauté des disciples de Jésus,
on doit faire en sorte que personne - même le dernier venu
- ne manque de ce dont il a besoin.
Une interprétation théologique
La bonté du maître à
l'égard des ouvriers de la dernière heure rappelle
celle de Jésus envers les publicains et les pécheurs.
Devant les récriminations des justes et des bien-pensants,
il veut signifier que la Bonne Nouvelle s'adresse à tous
et qu'il est venu pour appeler, non pas les justes, mais les
pécheurs à se convertir (cf. Mt
9, 13).
Une interprétation ecclésiale
On sait comment, dans les premières
générations, fut difficile l'intégration de
croyants venus du judaïsme et d'autres venus du paganisme,
en une seule Église. Les croyants d'origine juive croyaient
avoir préséance - une sorte de droit d'aînesse
- sur les autres, arrivés plus tardivement dans la communauté.
La parabole, et surtout sa conclusion
(verset
16), viennent souligner le fait que la générosité
de Dieu s'exerce de la même manière à l'égard
de tous ses enfants.
À l'égard des disciples,
qui ont un rôle exceptionnel à jouer dans l'Église
naissante et qui ont renoncé à beaucoup de choses
pour suivre le Maître (cf. Mt
19, 27-30), Jésus veut rappeler aussi qu'ils ne doivent
pas se placer au-dessus des autres, car tous les ouvriers de la
vigne, même les derniers, ont leur place dans le Royaume.
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1894. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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