Antidote
à la peur
Ne
craignez rien (Matthieu 10, 26-33)
Autres lectures: Jérémie
20, 10-13; Ps 68 (69); Romains
5, 12-15
Jésus enseigne aux disciples en quoi consiste leur mission,
y compris dans ses aspects éprouvants comme les persécutions.
Pour éviter que ses auditeurs cèdent à la peur
et abandonnent en chemin, le Seigneur doit maintenant les rassurer.
D'où le mot d'ordre : « Ne craignez pas.» Au premier
plan, cette consigne vise les apôtres qui entouraient Jésus
durant son ministère terrestre. Elle concerne aussi les missionnaires
de l'Église de Matthieu. Enfin, elle interpelle finalement
l'ensemble des chrétiens et des chrétiennes dont nous
sommes. Mais quels arguments, quels points d'appui peuvent soutenir
la confiance?
Premièrement, l'Évangile
n'est pas une révélation privée mais une bonne
nouvelle pour toute l'humanité. Si la crainte l'enferme dans
le silence, elle devient lettre morte. Du temps où Jésus
vivait en Palestine, il ne pouvait se permettre de la dévoiler
à la grandeur de la planète. Les moyens de communication
ne le permettent pas et, surtout, il faut attendre sa mort et sa
résurrection pour qu'éclate au grand jour le sens
de cette Bonne Nouvelle. Mais maintenant, pour ceux qui en douteraient
encore, c'est bien le temps de révéler cet ultime
don de Dieu. De proclamer cette vie nouvelle amorcée en son
Fils et appelée à grandir. Cela comporte des risques,
oui. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Deuxième point d'appui : la
confiance en l'indéfectible bonté du Père.
Les bourreaux exercent leur pouvoir dans les limites de ce monde.
Dieu, lui, dispose de la vie éternelle. C'est pourquoi il
est plus à craindre que les humains. Mais c'est une crainte
bien relative, compte tenu du soin dont il fait preuve à
l'égard de la création. S'il voit à la survie
des moineaux, pourquoi laisserait-il tomber celles et ceux qui consacrent
leur vie à suivre son Fils? Et même s'il fallait que
la mort frappe un disciple, ce ne serait pas parce que le Père
l'abandonne. Il demeure présent même lorsque la vie
terrestre prend fin.
En troisième lieu, Jésus
souligne que les disciples récolteront au jour dernier les
véritables fruits de la persévérance actuelle.
L'engagement et les épreuves du présent peuvent sembler
vains ou sans issus. Mais ils ne laissent pas le Christ indifférent.
Lui-même se fera l'avocat, non pas des plus performants, mais
de celles et ceux qui se seront « prononcés » pour
lui. Autrement dit, celles et ceux qui auront pris le flambeau de
la Bonne Nouvelle et l'auront fait connaître à leur
façon. Jésus choisit une formule imagée qui
frappe les esprits. Elle éveille au caractère actuel
et immédiat de l'engagement chrétien. Le sort ultime
de chaque personne se joue au présent. Mais rien n'est décidé
d'avance. Il est toujours temps de choisir le Christ comme guide
et de marcher à sa suite, sous l'oeil bienveillant de son
Père.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1889. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Les foules sont fatiguées et abattues
|