Le Royaume
des cieux est tout proche
La prédication de Jean-Baptiste (Mt
3, 1-12)
Autres lectures: Is
11, 1-10 ; Ps 71 (72); Rm
15, 4-9
Tel un phénomène, Jean Baptiste attire les foules
(v. 5), d'autant plus que son message est percutant : Convertissez-vous,
car le royaume des cieux est tout proche. L'appel à la
conversion reprend un thème constant de la prédication
des prophètes car le peuple d'Israël doit sans cesse
changer son coeur pour correspondre davantage au projet de Dieu.
L'annonce de la proximité du royaume est quelque chose de
neuf. Cela signifie que les promesses faites aux ancêtres,
et qui alimentent depuis si longtemps l'espérance du peuple
d'Israël, sont sur le point de se réaliser. La conversion
est d'autant plus urgente que le temps se fait court (cf. v. 10).
Quelle idée Jean se fait-il
de ce royaume tout proche? On peut trouver des éléments
de réponse dans le discours rapporté par l'évangéliste
aux vv. 7-12.
L'appartenance ethnique ne suffit
pas pour entrer dans ce royaume. A ces Juifs fiers de leur identité
de peuple élu, Jean vient rappeler avec ironie que Dieu ne
manque pas de moyens : Avec les pierres que voici, Dieu peut
faire surgir des enfants à Abraham (v. 9). Eux aussi
ont besoin de conversion et celle-ci doit se manifester par des
changements concrets et durables dans leur manière d'être;
ils doivent porter du fruit (vv. 8.10).
L'avènement du royaume coïncidera
avec un jugement général de Dieu sur l'humanité.
Les options de chacun, pour ou contre Dieu et son Alliance, seront
alors définitives (v. 12), mais jusqu'à ce point de
non-retour, la voie de la conversion demeure ouverte (v. 11).
Jean lui-même ne se considère
pas comme l'agent principal de la venue du royaume. Il annonce la
venue de quelqu'un de plus fort que (lui) et dont il n'est
même pas digne de retirer les sandales (v.11). La caractéristique
de ce personnage encore anonyme sera de plonger le monde dans l'esprit
et dans le feu (v.11). L'effusion de l'esprit de Dieu est connue,
chez les prophètes, comme un des signes d'un monde nouveau
(voir, par exemple, Ez
37-10 ). Le feu est une image de jugement et de purification
(voir, par exemple, Is
66,15-16 ).
Jean le Baptiste reste donc très
proche des images traditionnelles pour exprimer la nouveauté
radicale de l'événement qui se prépare et dont
il est le messager privilégié. Mais, par son style
de vie, il remet en question une tradition religieuse devenue trop
sure d'elle-même; par le contenu de sa prédication,
il anticipe déjà ce que sera la Bonne Nouvelle de
Jésus. Celui-ci, cependant, proposera du royaume une vision
nouvelle, en partie différente de celle envisagée
par Jean.
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1861. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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