Il déverrouille
les portes closes
Dernières instructions de Jésus (Jn
14,15-16.23b-26)
Autres lectures : Ac
2,1-11 ; Ps 103 (102) ; Rm
8,8-17
Jésus souffle sur ses apôtres (v. 22). Le geste est
aussi surprenant qu'évocateur, aussi symbolique que prosaïque.
Mais c'est la manière que le Christ ressuscité choisit
pour signifier le rôle de l'Esprit au cur de la vie
trinitaire et quel rôle désormais il tiendra dans la
vie des croyants.
Dans la langue maternelle de Jésus,
l'araméen, un même mot exprime esprit et souffle. Quand
Dieu souffle dans les narines de l'homme une haleine de vie, ce
dernier devient un être vivant, nous dit Genèse (2,
7). C'est-à-dire un être non seulement capable de se
mouvoir et d'agir mais aussi un être doué du pouvoir
de penser. Un être intelligent quoi!
Ce souffle originel qui donna vie
à l'homme et à la femme a traversé les siècles,
s'est frayé un chemin à travers les déserts.
Il a franchi les mers et a jeté par terre les barrières
de langues et de culture (Actes 2, 8) pour transporter une semence
qui donnera naissance à une tout autre " race d'hommes ".
Cet engendrement a eu lieu dès l'instant où le Premier
des vivants eut remis l'esprit (Jean 19, 30) entre les mains de
son Père (Luc 23, 46). Ce souffle, que Jésus offre
à son Père au moment où il termine sa mission
terrestre, est le même qui lui sera rendu par le Père
au moment de sa résurrection. Et c'est ce même Esprit
qu'il répandra sur ses disciples pour leur signifier que
dorénavant l'Esprit Saint contient tout l'amour divin désormais
disponible pour l'humanité (Jean 20, 22).
Quel cadeau que ce relais de l'Esprit
par Dieu à son Fils et par le Fils à ses frères
et surs! Et nous serions portés à dire que le
Souffle de Pentecôte a été retransmis aux disciples
avec encore plus de force, puisqu'il a la puissance de remettre
le péché qui avait causé la mort du Christ,
et les péchés qui causent la mort spirituelle des
baptisés que nous sommes (v. 23).
L'Esprit de Jésus est un Esprit
qui déverrouille les portes closes de nos égoïsmes.
L'Esprit de Jésus est un Esprit qui dénoue les peurs
(v. 19) au cur des entrailles : celles qui empêchent
d'agir et de parler en son nom. L'Esprit de Jésus enfin apaise
et rend joyeux (v. 20), permettant ainsi de le voir et de le reconnaître
à travers les blessures et au-delà des souffrances
(v. 20). Les cicatrices que la malice des hommes a fait subir au
corps de Jésus sont désormais la signature de son
Amour et de tout amour. Tout être d'amour est un être
de souffrance a écrit Proust, ce grand romancier français.
Ces paroles sont l'écho contemporain des lointaines paroles
de l'évangile: « Il n'y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13)
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1843. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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