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Dimanche de la Pentecôte C - 3 juin 2001
 
Il déverrouille les portes closes

Dernières instructions de Jésus (Jn 14,15-16.23b-26)
Autres lectures : Ac 2,1-11 ; Ps 103 (102) ; Rm 8,8-17

 

Jésus souffle sur ses apôtres (v. 22). Le geste est aussi surprenant qu'évocateur, aussi symbolique que prosaïque. Mais c'est la manière que le Christ ressuscité choisit pour signifier le rôle de l'Esprit au cœur de la vie trinitaire et quel rôle désormais il tiendra dans la vie des croyants.

     Dans la langue maternelle de Jésus, l'araméen, un même mot exprime esprit et souffle. Quand Dieu souffle dans les narines de l'homme une haleine de vie, ce dernier devient un être vivant, nous dit Genèse (2, 7). C'est-à-dire un être non seulement capable de se mouvoir et d'agir mais aussi un être doué du pouvoir de penser. Un être intelligent quoi!

     Ce souffle originel qui donna vie à l'homme et à la femme a traversé les siècles, s'est frayé un chemin à travers les déserts. Il a franchi les mers et a jeté par terre les barrières de langues et de culture (Actes 2, 8) pour transporter une semence qui donnera naissance à une tout autre " race d'hommes ". Cet engendrement a eu lieu dès l'instant où le Premier des vivants eut remis l'esprit (Jean 19, 30) entre les mains de son Père (Luc 23, 46). Ce souffle, que Jésus offre à son Père au moment où il termine sa mission terrestre, est le même qui lui sera rendu par le Père au moment de sa résurrection. Et c'est ce même Esprit qu'il répandra sur ses disciples pour leur signifier que dorénavant l'Esprit Saint contient tout l'amour divin désormais disponible pour l'humanité (Jean 20, 22).

     Quel cadeau que ce relais de l'Esprit par Dieu à son Fils et par le Fils à ses frères et sœurs! Et nous serions portés à dire que le Souffle de Pentecôte a été retransmis aux disciples avec encore plus de force, puisqu'il a la puissance de remettre le péché qui avait causé la mort du Christ, et les péchés qui causent la mort spirituelle des baptisés que nous sommes (v. 23).

     L'Esprit de Jésus est un Esprit qui déverrouille les portes closes de nos égoïsmes. L'Esprit de Jésus est un Esprit qui dénoue les peurs (v. 19) au cœur des entrailles : celles qui empêchent d'agir et de parler en son nom. L'Esprit de Jésus enfin apaise et rend joyeux (v. 20), permettant ainsi de le voir et de le reconnaître à travers les blessures et au-delà des souffrances (v. 20). Les cicatrices que la malice des hommes a fait subir au corps de Jésus sont désormais la signature de son Amour et de tout amour. Tout être d'amour est un être de souffrance a écrit Proust, ce grand romancier français. Ces paroles sont l'écho contemporain des lointaines paroles de l'évangile: « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13)

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1843. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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