L'amour
fraternel,
le signe du vrai disciple
Jésus annonce à Pierre sa vocation (Jn
13,31-33a.34-35)
Autres lectures : Ac
14,21b-27 ; Ps 145 (144) ; Ap
21,1-5a
Aujourd'hui comme hier, lorsque des athlètes accomplissent
des performances hors du commun, ils reçoivent trophées
et médailles et jouissent d'une audience planétaire.
On les acclame, on les célèbre. En définitive,
on les couvre de gloire.
L'idée de gloire revient à
maintes reprises dans le court texte de l'évangile selon
Jean. Quel sens ce mot recouvrait-il alors dans les communautés
du début du christianisme? À l'époque, dans
le milieu grec, le terme évoquait le renom et la réputation;
dans le milieu hébreu, il suggérait le poids. Ce qui
fait la gloire de l'individu, c'est « l'autorité de
sa parole, l'influence de ses gestes, le retentissement de son action,
finalement ce qu'il pèse, ce qu'il vaut réellement
» (J. Guillet). Aussi, lorsque les Juifs rendent gloire à
Dieu, que font-ils sinon reconnaître ce qu'il est et ce qu'il
fait dans la splendeur de sa création et dans l'histoire
de leur peuple. Les chrétiens également confessent
Dieu, mais ils proclament spécifiquement l'action souveraine
de Dieu telle qu'elle se manifeste dans la vie et l'oeuvre de Jésus.
Cette action de glorification est
reprise 5 fois dans les deux versets 31 et 32. Un véritable
martèlement, un va-et-vient significatif! La gloire est à
la fois appliquée au Père et au Fils. Le Père
est glorifié dans cet instant où Jésus accepte
sa destinée, alors que le premier acte de sa fin vient de
se jouer: le départ de Juda de la communauté des disciples,
départ qui annonce une trahison. L'heure de la passion commence.
L'évangéliste dit : Dieu est glorifié en
lui (Jésus) (v.32). Puis il ajoute : Dieu en retour
lui donnera sa propre gloire (v. 32; aussi le v. 31). En glorifiant
Dieu, c'est-à-dire en manifestant la force toute-puissante
et rayonnante de l'amour fou du Père pour les humains, au
moment de la rédemption, Jésus est glorifié
en même temps.
En demeurant fidèle au Père
dans la tourmente de la Passion, Jésus révèle
le Fils qu'il est et le Père qu'il a. Dieu seul peut aimer
ainsi. Avec son départ de ce monde, il reviendra désormais
aux disciples de toutes les époques de communiquer l'amour
du Père et du Fils si totalement uni. Il est question d'un
commandement nouveau. Mais en quoi est-il nouveau? Les prophètes
n'ont-il pas déjà évoqué des cieux nouveaux,
une terre nouvelle, une alliance nouvelle (Isaïe 43, 19; 65,
17; Jérémie 31, 31)? Ce qui est nouveau, ce n'est
pas le précepte de l'amour du prochain déjà
connu (Lévitique 19, 18), mais cette nouveauté de
la communion, de la réciprocité, communiquée
par Jésus dans l'offrande de la croix, et amenée ainsi
à sa perfection. L'amour de Jésus nous est donné
en modèle; plus, l'amour de Dieu et du Christ, à l'uvre
en nous, conduit à surmonter les divisions et à établir
l'unité.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1840. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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