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Dimanche de la Nativité de S. Jean Baptiste - 24 juin 2001
 
Bonne fête patron!

Annonce de la naissance de Jean le Baptiste (Lc 1,5-17)
Autres lectures : Jr 1,4-10; Ps 70 (71); 1 P 1,8-12a

 

Les festivités de la Saint-Jean revêtent une grande importance chez nous. En font foi les rassemblements de tous ordres avec concerts, pique-niques et compagnie. Comme fête officielle au Québec, elle amène sa population à réfléchir et à échanger sur son identité culturelle et sociale et sur son avenir politique.

     Or, la fête religieuse, elle, passe bien souvent inaperçue. Par chance, cette année la solennité de la Nativité de saint Jean Baptiste arrive un dimanche. Pour nous, la fête revêt un accent particulier puisque Jean Baptiste est, selon les termes officiels, le « patron spécial des Canadiens français ». Beaucoup de colons français venus s'installer en Amérique du Nord portaient comme prénom Jean-Baptiste. C'est ce qui a valu à la population française du Canada de se voir attribuer le précurseur du Christ comme « patron spécial ». Mais que signifie pour nous aujourd'hui de vivre sous le « patronage » du Baptiste?

     Comme le rappelle saint Paul, le baptême de conversion constitue le cœur de la prédication de Jean. Dans le langage courant, le mot conversion signifie changer de religion. Or, dans la Bible, le vocabulaire pour parler de conversion englobe une réalité plus large. Il désigne un changement de direction, un retournement. Comme notre baptême, celui de Jean était administré une seule fois. Mais l'exigence de conversion demeure continuellement. À tout moment, nous pouvons nous détourner, porter notre regard ailleurs que vers celui que Jean Baptiste pointait: le Christ. Reconnaître Jean comme patron spécial signifie donc prendre au sérieux son appel à la conversion.

     D'un point de vue personnel d'abord, il importe d'admettre la nécessité de se convertir, de retrouver le chemin qui mène au Christ, la voie de son Royaume. Collectivement, en Église, c'est admettre aussi la nécessaire conversion. Autrement dit, apprendre à discerner là où les besoins de changements se font sentir afin de demeurer dans la ligne de l'Évangile.

     La lecture évangélique d'aujourd'hui contient une intéressante interpellation à cet égard. Tout le monde s'attendait à ce que les parents de Jean Baptiste lui donnent le nom du père, Zacharie. Or, coup de théâtre, Élisabeth déclare plutôt qu'il s'appellera Jean, ce que confirme son mari. Le nom « Zacharie » signifie « Dieu se souvient » tandis que « Jean » veut dire « Dieu a fait grâce ». Tout l'enjeu du récit se dévoile ainsi. La naissance de Jean, qui anticipe la venue de Jésus, annonce le passage du temps du souvenir à celui de la grâce. Non pas que le passé soit insignifiant et qu'il faille l'effacer. Il s'agit plutôt d'éviter l'écueil d'un passéisme stérile qui se méfie de tout changement, même les plus essentiels.

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1846. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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