Bonne
fête patron!
Annonce
de la naissance de Jean le Baptiste (Lc 1,5-17)
Autres lectures : Jr
1,4-10; Ps 70 (71); 1
P 1,8-12a
Les festivités de la Saint-Jean revêtent une grande
importance chez nous. En font foi les rassemblements de tous ordres
avec concerts, pique-niques et compagnie. Comme fête officielle
au Québec, elle amène sa population à réfléchir
et à échanger sur son identité culturelle et
sociale et sur son avenir politique.
Or, la fête religieuse, elle,
passe bien souvent inaperçue. Par chance, cette année
la solennité de la Nativité de saint Jean Baptiste
arrive un dimanche. Pour nous, la fête revêt un accent
particulier puisque Jean Baptiste est, selon les termes officiels,
le « patron spécial des Canadiens français ».
Beaucoup de colons français venus s'installer en Amérique
du Nord portaient comme prénom Jean-Baptiste. C'est ce qui
a valu à la population française du Canada de se voir
attribuer le précurseur du Christ comme « patron
spécial ». Mais que signifie pour nous aujourd'hui
de vivre sous le « patronage » du Baptiste?
Comme le rappelle saint Paul, le
baptême de conversion constitue le cur de la prédication
de Jean. Dans le langage courant, le mot conversion signifie changer
de religion. Or, dans la Bible, le vocabulaire pour parler de conversion
englobe une réalité plus large. Il désigne
un changement de direction, un retournement. Comme notre baptême,
celui de Jean était administré une seule fois. Mais
l'exigence de conversion demeure continuellement. À tout
moment, nous pouvons nous détourner, porter notre regard
ailleurs que vers celui que Jean Baptiste pointait: le Christ. Reconnaître
Jean comme patron spécial signifie donc prendre au sérieux
son appel à la conversion.
D'un point de vue personnel d'abord,
il importe d'admettre la nécessité de se convertir,
de retrouver le chemin qui mène au Christ, la voie de son
Royaume. Collectivement, en Église, c'est admettre aussi
la nécessaire conversion. Autrement dit, apprendre à
discerner là où les besoins de changements se font
sentir afin de demeurer dans la ligne de l'Évangile.
La lecture évangélique
d'aujourd'hui contient une intéressante interpellation à
cet égard. Tout le monde s'attendait à ce que les
parents de Jean Baptiste lui donnent le nom du père, Zacharie.
Or, coup de théâtre, Élisabeth déclare
plutôt qu'il s'appellera Jean, ce que confirme son mari. Le
nom « Zacharie » signifie « Dieu se
souvient » tandis que « Jean » veut
dire « Dieu a fait grâce ». Tout l'enjeu
du récit se dévoile ainsi. La naissance de Jean, qui
anticipe la venue de Jésus, annonce le passage du temps du
souvenir à celui de la grâce. Non pas que le passé
soit insignifiant et qu'il faille l'effacer. Il s'agit plutôt
d'éviter l'écueil d'un passéisme stérile
qui se méfie de tout changement, même les plus essentiels.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1846. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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