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... par un autre chemin »
La visite des mages (Mt 2, 1-12)
Autres lectures: Isaïe 60, 1-6 ; Ps 71 (72)
; Ep 3, 2-3a.5-6
Arrivés à l'Épiphanie, nous devons nous faire
à l'idée : les splendeurs du Temps des fêtes
sont derrière nous. Certains poussent un soupir de soulagement
à l'idée de remonter les boules et les conifères
de plastique au grenier. D'autres se désolent de rentrer
dans la grisaille de l'habituel et de l'ordinaire. Comme si la foi
devait aussi se laisser ranger dans la pièce la plus sombre
de la maison...
Cette année, la fête
offre une raison de plus pour jongler avec les notions en apparence
opposées de fête et de routine. Avant-hier et hier,
partout dans le monde, des portes se sont refermées... pour
un quart de siècle! Toutes les basiliques, tous les sanctuaires
dotés d'une porte spéciale pour les années
saintes ont mis un terme à la circulation des pèlerins
et des adorateurs. La grande année jubilaire de l'An 2000
est un beau souvenir.
L'année sainte a duré
plus que les 52 semaines de notre comput spontané. Inaugurée
dans la nuit de Noël 1999, la grande célébration
centrée sur l'Incarnation du Fils de Dieu s'est éteinte
dans la célébration de sa lumière manifestée
à tous les peuples. Ce parcours chronologique est une invitation
à saisir. Les propos à la mode relèguent la
foi à une question intime et privée; le récit
de l'évangile affirme qu'il n'en est rien. La foi est une
affaire intime qui a des retentissements publics. La foi est une
force contestataire. Elle remet en cause des affirmations en apparence
inébranlables. La foi s'allie à la raison pour produire
une vision nouvelle du monde, de la mission, de l'engagement. Tout
cela, nous l'apprenons dans le récit de l'aventure des mages
à Jérusalem et à Bethléem.
Des savants perses, reconnus pour
leur méfiance face à l'impérialisme romain,
s'adressent au roi mis en place par les Romains à Jérusalem.
Celui qui devait tout savoir à cause de son titre ignore
tout! Sa parole sera bientôt considérée comme
moins importante qu'un vulgaire songe! Le geste d'hommage des mages
devant l'Enfant de la crèche cause de l'inquiétude
politique. Mieux vaut partir par un chemin différent de la
route prévisible.
Les manifestations folkloriques
ou enfantines liées à la fête de l'Épiphanie
peuvent masquer les propos adultes. Les gestes populaires de la
visite à la crèche ou du partage du gâteau traditionnel
doivent nous relancer vers l'intégration adulte des données
suivante : la foi se vit au grand jour; la foi entraîne des
choix; la foi s'allie à la raison pour dire la bonté
universelle de Dieu. L'Épiphanie n'est pas un déclin,
mais un regain! La porte de l'année sainte se referme pour
que nous puissions voir toutes les portes ouvertes devant nous,
tous les chemins possibles au coeur du quotidien.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1822. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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