Une rencontre
sublime, lieu de passage
Les signes de la venue (Lc
1,39-45)
Autres lectures: Mi
5,1-4a ; Ps 79 (80) ; Héb
10,5-10
Récitatif
biblique (fichier mp3)
avec Hélène Dufresne Loyer et Danielle Morin
Marie quitte sa Galilée aimée pour se rendre vers
le haut pays, dans une ville de Juda afin de rencontrer une parente,
Élisabeth, riche de longues années d'expérience
de Dieu. Ces deux femmes ont de quoi étonner, nous émerveiller
et nous faire entrer dans la joie du Royaume qui vient.
Qui donne
et qui accueille ?
Marie porte un secret qui à
la fois la comble d'allégresse et lui cause des soucis. Elle
se hâte, dit le texte. À ce que l'on sache, Élisabeth
n'a rien demandé à sa cousine. Mais Marie a été
visitée par Dieu et le Dieu qui s'est fait proche la meut,
la pousse à rendre visite à sa parente, à agir:
elle a reçu, elle va donner. Il faut constater que Luc ne
relate pas le contenu de sa salutation. Par ailleurs, l'on sait
que, dans le monde juif, une salutation est constituée d'un
souhait et d'une annonce de paix. Marie, la porteuse de la Parole,
du Verbe fait chair, est ici, avant que ne jaillisse le Magnificat,
celle à qui on formule, à qui on dévoile ce
qui a été vécu intérieurement dans le
récit de l'annonciation.
Élisabeth joue ce rôle
magnifiquement, elle qui, grâce au tressaillement de vie de
son enfant et à l'action de l'Esprit en elle, sait ce qui
advient à sa cousine. C'est dans la foi qu'elle perçoit
et reconnaît que Marie est porteuse du grand don tant attendu
par son peuple. Élisabeth se rend compte du don qui lui est
fait, du bien qui lui est destiné : la présence chez
elle de la mère du Seigneur. Et dans ce mouvement où
elle reçoit cette présence, elle donne son bonheur
et rend grâce : Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce
bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à
moi? (vv. 42-43) C'est une prière de bénédiction
peu banale, comme d'ailleurs la salutation qui a précédée.
Femme de foi qui va donner le Précurseur
(1, 11.25), Élisabeth donne à Marie une parole humaine
qui dévoile toute la réalité de ce qui lui
est arrivé intérieurement et qui est représentée
dans la visite de Gabriel. Marie savait qui elle était: la
servante de Dieu, il fallait qu'une voix humaine, dans une relation
personnelle, lui communique ce qu'elle vivait de mystère,
ce qui était son identité profonde. C'est Élisabeth
qui joue ce rôle décisif : Heureuse celle qui a
cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites
de la part du Seigneur (v. 45). Et Marie va faire entendre le
Magnificat, ce chant de ferveur et de louange où la joie
explose. Elle glorifie Dieu qui accomplit son grand oeuvre de salut
et, en même temps, s'émerveille de ce qu'elle est,
de son propre bonheur, dans le don reçu gratuitement.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1820. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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