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Dimanche de la Résurrection du Seigneur - 23 avril 2000
 

« Il vit et il crut »

Le tombeau vide (Jn 20,1-9)
Autres lectures: Ac 10,34a.37-43; Ps 117; Col 3,1-4 ou 1 Co 5,6b-8

 

« Il vit et il crut » dit notre récit de l'évangile en parlant du disciple que Jésus aimait. Ailleurs, dans le même évangile, Jésus dit à Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Le disciple bien-aimé serait-il tombé dans le même piège que Thomas?

Il n'en est rien car l'expérience des deux personnages diffère radicalement. Le disciple bien-aimé croit sans voir Jésus. Tout ce qu'il a sous les yeux est un signe : le vide du tombeau. Ce vide ne parle pas de lui-même. Il doit résonner dans le coeur du disciple qui y répond par son adhésion. Mystérieux parcours qui nous renvoie à nos propres expériences d'absence et de silence. Quand nous sommes confrontés à la mort, quand la perte d'un proche nous touche, nous sommes confrontés à un vide. Un vide si présent qu'il prend parfois toute la place et nous empêche de voir autre chose. Aujourd'hui en ce dimanche de la Résurrection du Seigneur, voilà qu'une parole retentit dans ce vide : « il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts ».

Évidemment, dire que le Christ est ressuscité n'enlève rien à la douleur de nos deuils. Ce serait de la pensée magique que de se laisser bercer par cette illusion. Pourtant, la foi en la résurrection ouvre des portes et jette un peu de lumière sur nos épreuves. Car la résurrection du Christ concerne davantage que sa seule personne. En lui, c'est toute l'humanité qui est conviée à entrer dans sa vie nouvelle. Le disciple que Jésus aimait a cru parce qu'il a su voir au-delà du signe de l'absence dans le tombeau vide. Depuis, les chrétiens et les chrétiennes entendent ce même appel à voir au-delà des pertes et des deuils qui jalonnent leur vie. Comme saint Paul le demande aux Colossiens dans la deuxième lecture : « Tendez vers les réalités d'en haut ». Fuir le réel, diront certains. Voir plus loin que la surface et que les apparences, dirons-nous à la suite de l'apôtre.

Le temps pascal qui commence aujourd'hui se prolongera durant quelques semaines. De dimanche en dimanche, nous aurons l'occasion de découvrir ou redécouvrir la spécificité de notre foi. L'Évangile ne se réduit pas à un message de valeurs humaines fondamentales. Jésus de Nazareth est davantage qu'un réformateur social, un guérisseur ou un défenseur des démunis et des exclus. La pratique religieuse chrétienne ne se limite pas à participer aux célébrations dominicales. Toutes ces réalités, aussi importantes soient-elles, ne trouvent leur pleine signification qu'à la lumière de la résurrection. La résurrection du Christ, avant-goût de notre propre résurrection.

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1794. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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