«
Il vit et il crut »
Le tombeau vide (Jn 20,1-9)
Autres lectures: Ac
10,34a.37-43; Ps 117; Col
3,1-4 ou 1
Co 5,6b-8
« Il vit et il crut » dit notre récit de l'évangile
en parlant du disciple que Jésus aimait. Ailleurs, dans le
même évangile, Jésus dit à Thomas : «
Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Le disciple bien-aimé
serait-il tombé dans le même piège que Thomas?
Il n'en est rien car l'expérience des deux personnages diffère
radicalement. Le disciple bien-aimé croit sans voir Jésus.
Tout ce qu'il a sous les yeux est un signe : le vide du tombeau.
Ce vide ne parle pas de lui-même. Il doit résonner
dans le coeur du disciple qui y répond par son adhésion.
Mystérieux parcours qui nous renvoie à nos propres
expériences d'absence et de silence. Quand nous sommes confrontés
à la mort, quand la perte d'un proche nous touche, nous sommes
confrontés à un vide. Un vide si présent qu'il
prend parfois toute la place et nous empêche de voir autre
chose. Aujourd'hui en ce dimanche de la Résurrection du Seigneur,
voilà qu'une parole retentit dans ce vide : « il fallait
que Jésus ressuscite d'entre les morts ».
Évidemment, dire que le Christ est ressuscité n'enlève
rien à la douleur de nos deuils. Ce serait de la pensée
magique que de se laisser bercer par cette illusion. Pourtant, la
foi en la résurrection ouvre des portes et jette un peu de
lumière sur nos épreuves. Car la résurrection
du Christ concerne davantage que sa seule personne. En lui, c'est
toute l'humanité qui est conviée à entrer dans
sa vie nouvelle. Le disciple que Jésus aimait a cru parce
qu'il a su voir au-delà du signe de l'absence dans le tombeau
vide. Depuis, les chrétiens et les chrétiennes entendent
ce même appel à voir au-delà des pertes et des
deuils qui jalonnent leur vie. Comme saint Paul le demande aux Colossiens
dans la deuxième lecture : « Tendez vers les réalités
d'en haut ». Fuir le réel, diront certains. Voir plus
loin que la surface et que les apparences, dirons-nous à
la suite de l'apôtre.
Le temps pascal qui commence aujourd'hui se prolongera durant quelques
semaines. De dimanche en dimanche, nous aurons l'occasion de découvrir
ou redécouvrir la spécificité de notre foi.
L'Évangile ne se réduit pas à un message de
valeurs humaines fondamentales. Jésus de Nazareth est davantage
qu'un réformateur social, un guérisseur ou un défenseur
des démunis et des exclus. La pratique religieuse chrétienne
ne se limite pas à participer aux célébrations
dominicales. Toutes ces réalités, aussi importantes
soient-elles, ne trouvent leur pleine signification qu'à
la lumière de la résurrection. La résurrection
du Christ, avant-goût de notre propre résurrection.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1794. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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