Ambitions
démesurées
La suite du Christ (Marc
10,35-45)
Autres lectures: Es
53,10-11; Ps 32(33); Hb
4,14-16
Les deux disciples, Jacques et Jean, désirent siéger
à une place d'honneur quand Jésus connaîtra
la gloire. Les autres disciples s'en offusquent, mais ils devraient
partager la même ambition. Ces hommes donnent l'impression
de chercher à faire plier Jésus selon leur instinct
de puissance.
Jésus répond par une
question déconcertante : « Pouvez-vous boire la coupe
que moi, je dois boire, ou être baptisés du baptême
dont moi, je serai baptisé? » Cette question situe les
disciples au plan de la fonction propre d'un collaborateur. La mission
des apôtres est de suivre le Christ dans sa condition de serviteur,
de travailler pour l'ensemble de la communauté, et non pour
eux-mêmes, d'être à son service. Jésus
contesta leurs visées trop humaines. C'est le Père
qui envoie (v. 40) et confie la mission d'autorité, qui confère
la responsabilité dans la communauté.
En effet, les disciples ont à
regarder dans quel sens s'oriente la vie de Jésus. La confrontation
avec les autorités religieuses juives semblent conduire à
la fin tragique de leur Maître. Jésus va boire la coupe
de la souffrance. Sa mort sera une immersion dans l'épreuve,
comme un baptême. Et sur la croix, ceux qui seront à
sa droite et à sa gauche seront des brigands qu'il est venu
servir (vv. 42-45).
La vie de Jésus est donnée
en rançon pour la multitude (v. 45). Cette formulation
empruntée au livre d'Isaïe rend compte de l'interprétation
que les premiers disciples ont donnée à la mort de
Jésus. Jadis, dans les peuples anciens, la rançon
désignait le prix à payer pour racheter ou délivrer
l'esclave ou le prisonnier de guerre. Aujourd'hui, nombreux sont
ceux qui contestent ce passage par la souffrance et la mort pour
le salut de l'humanité. Comment un individu se substituerait-il
aux autres? On lit la métaphore de façon quantitative
comme si on était dans un contexte de transaction commerciale,
alors qu'elle est qualitative. Le Christ Jésus a livré
un combat difficile et onéreux pour que les humains vivent,
il « a payé de sa personne », il « y a mis
le prix ». Son attitude de service est allée jusqu'à
la mort; sa mort fut la « rançon » de sa générosité.
Dans ses souffrances et ses épreuves, Jésus a manifesté
une solidarité avec les hommes, un engagement total et indéfectible.
En vivant sa mort dans un esprit de service, il a été
le Serviteur souffrant qui retourne les forces du mal qui s'abattent
sur lui en puissance de vie et d'amour.
Cette page d'évangile ne
se réduit pas à une consigne de vie morale; elle fixe
le regard sur Jésus et donne la condition fondamentale de
la vie du Christ, une vie de service. Jacques et Jean, et tout croyant,
savent maintenant à quelle condition s'exerce la responsabilité
dans la communauté.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1811. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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