Du
nouveau, vraiment?
La mort du Fils de l'homme (Jn 12,20-33)
Autres lectures : Jr 31,31-34;
Ps 50; Ép 5,7-9
Les gens qui ont vu surgir la Bible vivaient dans une société
relativement stable. Les modes de fonctionnement évoluaient
assez peu d'une génération à l'autre. Il était
alors plus facile de s'émerveiller d'une transformation,
d'une rupture bienfaisante avec la routine ou le prêt-à-penser.
C'est sur cet arrière-fond conformiste qu'éclatent
l'oracle de Jérémie, la gloire de Jésus dans
l'évangile et son rôle d'incontournable intermédiaire
vers le salut éternel dans la deuxième lecture.
À l'occasion de l'Année
jubilaire, voilà autant d'invitations à renouer avec
la nouveauté définitive introduite par Jésus
pour la qualité de notre relation avec Dieu. Depuis pratiquement
deux mille ans, Jésus est l'indispensable passerelle entre
notre humanité et la divinité. Il est notre chance
de vivre dans toute sa puissance l'alliance nouvelle proclamée
par Jérémie. Cette alliance se base sur une connaissance
profonde, intime de Dieu. Elle laisse intervenir le centre de décision
de chaque membre du peuple de Dieu.
Ne nous limitons donc pas au charme
agricole de la micro-parabole du grain qui meurt. Bien sûr,
cette brève image conteste notre manie de tout limiter à
notre orgueilleuse personne. Mais l'expérience relatée
ne correspond pas tellement aux préoccupations quotidiennes
de la majorité des auditeurs de la Parole. Les personnes
qui vivent en milieu urbain seront fascinées par le reste
du texte évangélique. Ses considérations sont
très urbaines : mise en contact des personnes, relations
solides et fructueuses, intégration, participation à
la gloire... On croirait entendre les propos d'un chef d'entreprise
qui stimule ses travailleurs à participer aux succès
de l'organisation!
Il y a cependant une condition pour
que Jésus agisse comme agent d'intégration à
l'alliance nouvelle. C'est l'obéissance. Chez nous, c'est
un terme à connotation négative. On soupçonne
d'obéir les seules personnes qui n'ont pas assez de colonne
vertébrale pour mener leur existence à leur convenance.
Selon la culture biblique, l'obéissance est la source d'une
vie fructueuse, riche en relations profitables. L'obéissance
à la personne dont on dépend pour trouver une place
dans la société traduit la réalité de
l'être-ensemble. Voilà du nouveau pour les individus
qui jouent à fond les cartes de la culture nord-américaine.
Leur isolement n'est certainement pas le projet de Dieu. Leur détresse
a déjà trouvé une solution dans l'obéissance
de Jésus. Il est, lui, le dernier mot de Dieu, une parole
éternellement nouvelle.
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1792. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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