Avec Lui,
réussir !
Jésus prie pour les siens (Jn 17,11b-19)
Autres lectures: Ac
1,15-26; Ps 102; 1
Jn 4,11-16
Lire les performances annoncées par Jésus dans l'évangile
de cette fête de l'Ascension peut provoquer des effets secondaires
désagréables. Vous maîtrisez votre peur des
couleuvres? Non? L'image des morsures de serpent inoffensives risque
de vous glacer le coeur! Avez-vous trouvé le truc pour chasser
les esprits mauvais? Ah oui, c'est vrai: vous vivez en l'an 2000,
et tout est (ou devrait être) parfait! Que savez-vous faire
pour améliorer le sort des malades? Voilà, vous vous
sentez démuni comme moi? Serait-ce que notre foi en Jésus
ressuscité est si mince qu'elle ne puisse rien changer, rien
régler?
Les exemples retenus par l'évangile
conviennent bien au monde du temps de Jésus. Ils décrivent
le succès accessible aux personnes du monde antique qui parient
le tout pour le tout et proclament Jésus ressuscité.
Le niveau de changement est celui des relations avec l'Autre, avec
les autres. En effet, à l'époque de Jésus,
on ne pouvait imaginer une maladie ou une malchance sans l'intervention
d'une force personnelle malfaisante. Mort, maladie, coups bas de
la nature étaient autant de manifestations de ces êtres
voués à la dissolution du réseau de solidarité,
la valeur première en ces temps-là. Soudain, avec
Jésus, les « esprits mauvais » ne sont plus le
dernier mot de la création. S'ils font encore des ravages,
ils ont perdu le haut du pavé.
Aujourd'hui, quand vivons-nous ces
succès de disciples? En quelle mesure faisons-nous l'expérience
de ces contre-poisons, de ces protections étonnantes ou de
ces renversements de situations? Quels phénomènes
nous accompagnent, pour prouver au monde que Jésus travaille
avec nous? De prime abord, notre liste semble bien mince ... Pourtant,
quand on y pense, nous affrontons des serpents autrement plus fourbes
que les reptiles de nos terrariums. Nous subissons des maladies
du coeur autrement plus destructrices que celles qui sont causées
de temps à autre par les virus et les bactéries. On
dirait que toute la science du monde, que toutes les techniques
des grandes sociétés n'ont rien à proposer
contre la tricherie, les fausses façades, les coups bas et
les demi-mots. Seuls antidotes pour ne pas sombrer dans le cynisme:
dépasser la fatalité de la « loi de gravitation
» individualiste; expérimenter que le bien n'est jamais
totalement englouti par le mal; apprendre à détecter
que le silence et l'absence actuels de Jésus sont en fait
les lieux et les moments de l'action de son Esprit.
En cette Année sainte consacrée
à la gloire de la Trinité, la Bible raconte comment
Jésus mandate des envoyés, à qui le Père
donne l'Esprit de sainteté. Ce n'est pas ce qu'on appelle
être démunis! Mais il semble que la leçon de
jadis doive toujours être reprise. Nous nous faisons toujours
prendre, comme les apôtres, à regarder là où
Jésus ne se laisse pas voir...
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1800. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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