Le codex Sassoon (photo © Sotheby’s)
La plus ancienne bible hébraïque est mise aux enchères
Sylvain Campeau | 15 mai 2023
Il y a plusieurs semaines, la maison Sotheby’s a annoncé la vente aux enchères d’une ancienne bible hébraïque. Ce document exceptionnel n’est pas la propriété d’un musée et c’est probablement la raison qui explique sa mise en vente. Il est évalué entre 30 000 et 50 000 millions de dollars. Il est donc probable qu’on assistera à la plus importante transaction pour un ancien manuscrit.
La presse en parle comme de la plus ancienne Bible hébraïque mais il ne s’agit pas d’un manuscrit antérieur à ceux de la mer Morte. On parle plutôt du plus ancien témoin du texte massorétique, c’est-à-dire du texte écrit en hébreu et standardisé par des savants juifs connus sous le nom de massorètes. Entre les 6e et 9e siècles environ, ils ont fixé le texte en éliminant les variantes et ont élaboré un ingénieux système d’annotation composé de points et d’accents pour en faciliter la lecture et la proclamation à la synagogue [1].
Les spécialistes connaissent le manuscrit sous le nom de « codex Sassoon », un document écrit par un seul scribe vers la fin du 9e ou le début du 10e siècle. Malgré son âge, le manuscrit est dans un excellent état de conservation. Le codex contient les 24 livres de la bible hébraïque et il contient 400 pages : seules cinq pages sont manquantes (les 10 premiers chapitres de la Genèse).
Le nom du codex lui vient de l’un de ses propriétaires qui lui a donné son nom : David Salomon Sassoon (1880-1942), un britannique qui a rassemblé la plus importante collection de textes juifs anciens. Le codex est ensuite passé entre les mains d’autres collectionneurs et il sera mis en vente le 17 mai prochain par Sotheby’s.
Le manuscrit n’est pas connu du public et n’avait pas été exposé depuis une quarantaine d’année. Mais l’annonce de sa vente a provoqué une exposition chez Sotheby’s du 22 au 28 février dernier et d’un arrêt dans les nouveaux locaux du Musée du peuple juif à Tel Aviv, entre autres.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.
[1] Les plus anciens manuscrits de la bible hébraïque, comme ceux de Qumrân, ne connaissent pas ce système : les plus anciens textes sont donc écrits avec des consonnes seulement car l’alphabet hébreu ne contient aucune voyelle.