Fragment de lampe à l’huile décorée d’une menorah trouvée à Beer Sheva (photo © Anat Rasiuk, AAI).
Une menorah à neuf branches sur un fragment de lampe
Sylvain Campeau | 13 mai 2019
Lors de récentes fouilles à Beer Sheva, dans le sud d’Israël, un fragment de lampe a attiré l’attention des archéologues : il est décoré d’une menorah à neuf branches. Des pièces de monnaie en bronze trouvées dans la même strate permettent de déterminer que le site était occupé au premier siècle de l’ère commune. Selon Daniel Varga, archéologue de l’Autorité des antiquités israéliennes (AAI), « c’est probablement l’une des représentations les plus anciennes d’une menorah à neuf branches jamais découverte ».
Associé au Temple de Jérusalem, le chandelier sacré est souvent représenté avec sept branches en conformité avec les prescriptions du livre de l’Exode (25,31-40). Il serait tentant de qualifier le motif sur le fragment de lampe de « hanoukkiah », une menorah composée de neuf branches et utilisée pendant la fête juive de Hannouka. Mais il n’existe aucune preuve de la célébration de cette fête au premier siècle de notre ère.
La meilleure explication de la présence de cette menorah avec des branches supplémentaires viendrait du Talmud, selon les archéologues responsables des fouilles. « Cela était conforme à une décision du Talmud babylonien selon laquelle seule la menorah du Temple pouvait avoir sept branches et que les lampes utilisées dans des contextes domestiques portaient généralement entre huit et onze branches. »
Cette implantation juive aux confins de la province romaine de Judée comptait une tour de guet, des passages souterrains (que les rebelles ont peut-être utilisés pendant les deux Révoltes juives), des bains rituels, de la vaisselle en pierre démontrant l’observation des lois de pureté rituelle par ses occupants, et une grande quantité de poterie et de lampes décorées avec des motifs typiquement juifs. En d’autres termes, le site démontre clairement la vitalité du judaïsme sur un site très éloigné de Jérusalem.
« Nous n’avons pas vraiment de sites juifs de la période du deuxième Temple dans cette zone », a déclaré l’archéologue Shira Bloch. Malgré cette rareté, seule la tour de guet sera préservée et le site sera remblayé avant la construction d’un nouveau quartier à l’entrée nord de la ville. Il s’agissait, comme c’est souvent le cas en Israël, de « fouilles de sauvetage » qui auront toutefois permis d’écrire une page d’histoire de l’ancien Israël.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.