Le fragment de récipient Bès découvert à Jérusalem (photo © EliyahuYanai)
Une représentation de Bès découverte à Jérusalem
Sylvain Campeau | 15 avril 2019
Un intéressant fragment de poterie datant de la période perse (4e ou 5e siècle avant notre ère) a été trouvé récemment à Jérusalem. Il représente Bès, un génie protecteur égyptien adopté par plusieurs peuples du Proche-Orient ancien.
La découverte a été faite dans le cadre de fouilles menées conjointement par l’Autorité des antiquités israélienne (AAI) et l’Université de Tel Aviv sur le site de l’ancien stationnement Givati dans le parc national de la cité de David. Le fragment gisait parmi les débris d’une très ancienne fosse à ordures ménagères.
Le fragment en argile appartient à un récipient Bès selon les archéologues. La courbure du fragment, les yeux globuleux, le nez et la grande oreille qu’on voit à gauche sont caractéristiques de ce genre de récipient (voir l’encadré). Des amulettes, des statues, des décorations et des récipients Bès ont été découverts à plusieurs endroits en Terre Sainte selon les archéologues. Mais c’est la première fois qu’on retrouve une représentation de cette divinité à Jérusalem ou même sur les hauts plateaux de la Judée lors de fouilles officielles. L’engouement pour ce génie protecteur a donc atteint la ville sainte.
Malgré son allure grotesque – un nain à la crinière de lion qui tire la langue dans plusieurs représentations – Bès était considéré comme « le protecteur des foyers, en particulier des mères, des mères qui accouchaient et des enfants », selon un archéologue de l’AAI. Associé à la musique et à la danse, Bès était perçu comme un génie bruyant ayant la capacité de tenir à l’écart les mauvais esprits en protégeant du même coup les occupants de la maison.
Même si les Israélites n’ont pas toujours respecté un monothéisme strict, il n’est pas possible de préciser à qui appartenait le vase. La seule chose que nous pouvons affirmer c’est que des représentations de Bès n’ont jamais été retrouvées dans des maisons israélites, contrairement à d’autres divinités étrangères. La présence de ce vase à Jérusalem demeure donc une énigme.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.