Un juif ultra-orthodoxe participant au rituel des kapparot (photo © Dima Vazinovich/Flash90)
Une tradition juive qui bat de l’aile
Sylvain Campeau | 15 octobre 2018
En septembre dernier, la communauté juive célébrait la fête de Yom Kippour (également appelée le Jour du Grand Pardon) considérée comme la plus sainte de l’année. Pour se laver de leurs péchés et se préparer à la fête, les Juifs ultra-orthodoxes accomplissent un rite controversé qui consiste à faire tourner un poulet vivant au-dessus de leurs têtes.
« Voici mon double, voici mon remplaçant, voici mon expiation. Ce coq (ou cette poule quand la formule est prononcée par une femme) ira vers la mort pendant que je commencerai et poursuivrai une vie heureuse, longue et paisible. » Ce texte traditionnel est prononcé pendant le rite des kapparot (ou des expiations). On comprend qu’à la fin du rite, la volaille est égorgée par un sacrificateur pour être ensuite consommée en famille ou remise à des personnes dans le besoin.
Au début du mois de septembre, a nom d’un mouvement de militants écologistes laïcs, un ancien ministre de l’intérieur a déposé une pétition devant la Cour suprême israélienne pour interdire cette pratique. Mais la cour a rejeté la requête. Et malgré une campagne de sensibilisation du ministère de l’Agriculture, des poulets continuent d’être sacrifiés lors de cette fête.
Les organisations de défense des animaux auxquels certains rabbins ont ajouté leur voix remettent en question cette coutume à cause des conditions dans lesquels les poulets sacrifiés sont transportés et malmenés avant et pendant le rituel. D’autant plus qu’une alternative permet aux pratiquants juifs de substituer les volailles par un don en argent remis aux plus démunis.
La pratique n’ayant aucun fondement dans la Torah ou le Talmud, et devant le mouvement de protestation qui gagne de plus en plus d’adhérents, on constate que le rite bat de l’aile. Mais la tradition remonte au Moyen-Âge et il sera sans doute difficile de convaincre les Juifs qui perpétuent cette pratique de l’abandonner même si une tsédaka, un don en argent, est un substitut jugé acceptable par une majorité des membres de la communauté.
Diplômé de l'Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] Propos du rabbin rapportés par The Times of Israël en juin 2016.