INTERBIBLE
Le carrefour biblique
actualité bibliqueannuairecalendrierfuret
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Le furet biblique
 
furet
Imprimer

chronique du 2 décembre 2016

 

 

Un passage inédit de l’épopée de Gilgamesh

Un ostracon dans la main du chercheur français

(photo © Osama S.M. Amin)

En 2011, à la fin de l’invasion américaine en Irak, le musée Sulaymaniyaha a réussi à faire l’acquisition d’une collection de 80 à 90 tablettes couvertes d’écritures cunéiformes. La collection a été achetée à un contrebandier avant qu’il réussisse à les vendre à l’étranger. Couvertes de boue, l’état de conservation varie d’une tablette à l’autre, certaines étant complètes et bien conservées alors que d’autres sont réduites à l’état de fragments. Rapidement, on a découvert que l’une d’entre elles présente un passage inédit de l’épopée de Gilgamesh, un long poème mésopotamien qui a inspiré les auteurs des onze premiers chapitres de la Genèse et surtout les récits sur Noé et le déluge.

Pendant l’invasion de l’Irak, de nombreux sites historiques ont été détruits par les bombardements américains, les combats et les pillages. La provenance de ces tablettes ne peut pas être précisée mais il y a de fortes chances qu’elles aient été trouvées illégalement dans la province de Babel en Irak.

La tablette qui nous intéresse ici se compose de trois fragments faciles à joindre et date de la période néo-babylonienne. Les spécialistes précisent la datation dans cet intervalle : entre 2003 et 1595 avant notre ère. On peut y lire 20 nouvelles lignes qui comblent une lacune de la tablette V de la version la plus complète qui nous est parvenue, celle de la bibliothèque d’Assurbanipal (668-627) à Ninive. Le texte ajoute des détails au passage où le héros Gilgamesh pénètre dans la forêt des Cèdres avec son compagnon Enkidu pour tuer le demi-dieu Humbaba. Le texte de la version de Ninive disait clairement que leur projet risquait de bouleverser l’ordre cosmique et de mettre en colère le dieu Enlil. L’analyse du nouveau passage faite par Farouk Al-Rawi et Andrew George [1] ajoute une dimension psychologique au récit : la réaction des personnages après avoir accompli leur dessein est teintée de culpabilité puisqu’Enkidu exprime avec regret : « nous avons réduit la forêt en terres désolées ». Le nouveau passage ajoute ainsi des éclaircissements sur la psychologie des personnages et une morale environnementale au récit qui ne manque pas d’attirer l’attention des lecteurs d’aujourd’hui!

[1] Al-Rawi, Farouk N H and George, Andrew (2014). « Back to the Cedar Forest : The beginning and end of Tablet V of the Standard Babylonian Epic of Gilgameš », Journal of Cuneiform Studies, 66, pp. 69-90.

Sylvain Campeau

Article précédent :
Un rouleau carbonisé de la Bible est déroulé virtuellement

 

 

| Accueil | SOURCE (index) | Furet (index) | Vous avez des questions? |

www.interbible.org