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chronique du 4 novembre 2016

 

 

Un rouleau carbonisé de la Bible est déroulé virtuellement

Un ostracon dans la main du chercheur français

Les premières colonnes du parchemin déroulé (photo © Science Advances)

Aux alentours de l’an 600 de notre ère, la synagogue de la communauté juive d’Ein Gedi a été ravagée par les flammes de même que les maisons d’habitation qui la jouxtaient. Situé au bord de la rive occidentale de la mer Morte, à la limite du désert de Judée, le site a été enseveli et est tombé dans l’oubli. En 1965, des paysans ont découvert la présence de la synagogue lors du labourage d’un champ. De 1970 à 1972, des fouilles archéologiques ont été entreprises révélant les différentes phases d’occupation du site depuis le début de notre ère. Dans l’arche de la synagogue, les archéologues ont trouvé un rouleau de la torah complètement carbonisé. Le parchemin a été conservé par l’Autorité israélienne des antiquités pendant plusieurs années en attendant de trouver une solution pour en révéler le contenu.

Une technologie récente basée sur les rayons X et des avancées dans l’analyse et le traitement des images 3D a permis de reconstruire la surface du rouleau de parchemin. Cette tâche de traitement des données a été confiée au professeur Brent Seales, de l’Université du Kentucky (États-Unis), qui a développé une méthode virtuelle de déroulement de rouleaux fermés. Le scanner pouvant détecter et localiser les traces de métal dans l’encre utilisée, les chercheurs ont été capables de lire les premières colonnes du document une fois déroulé virtuellement. Le texte comporte 35 lignes par colonne, dont 18 étaient préservées; les autres lignes ont été faciles à reconstituer par les chercheurs et le processus a révélé que le rouleau contenait les deux premiers chapitres du livre du Lévitique, le troisième livre de la torah [1].

En lisant le parchemin d’Ein Gedi, « nous avons été frappés par le fait que certains passages sont identiques dans le moindre détail calligraphique et l’organisation des sections au texte massorétique, qui fait autorité au sein du judaïsme », a expliqué, lors d’une conférence de presse citée par l’AFP, Michael Segal, directeur de la faculté de Philosophie et de religion à l’Université hébraïque de Jérusalem. Rappelons que le texte massorétique était utilisé en Europe à l’époque médiévale et présente un texte standardisé de la bible hébraïque. Les juifs de l’oasis d’Ein Gedi en Israël utilisaient donc eux aussi, dès la fin du VIe siècle, un texte standardisé semblable à celui qui fait encore autorité aujourd’hui dans le judaïsme! Cette version du texte du Lévitique représente le plus ancien témoin du texte biblique trouvé dans une ancienne synagogue. Comme le souligne l’exégète Michael Langlois, ce texte constitue « un repère très utile dans l’évolution de la calligraphie, car nous n’avons presque rien entre l’époque de Bar Kokhba au IIe siècle ap. J.-C. et les grands codex du Xe siècle ».

[1] William Brent Seales, Clifford Seth Parker, Michael Segal, Emanuel Tov, Pnina Shor et Yosef Porath, « From damage to discovery via virtual unwrapping: Reading the scroll from En-Gedi », Science Advances, American Association for the Advancement of Science, vol. 2, no 9, 21 septembre 2016.

Vidéo en anglais : Virtually unwrapping the En-Gedi scroll (Youtube)

Source : Camille Hazard, « Une nouvelle technologie dévoile les secrets d’un vieux manuscrit biblique », Paris Match, 22 septembre 2016.

Sylvain Campeau

Article précédent :
Les ostraca araméens de tel Marésha

 

 

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