chronique du 23 mai 2008
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Le mur des LamentationsLorsque Jésus affirmait à ses disciples émerveillés devant le spectacle grandiose du temple de Jérusalem « qu'il n'en restera pas pierre sur pierre » (Mc 13,2), c'était un peu exagéré, mais à peine. Du temple lui-même, le bâtiment central abritant le Saint-des-Saints et les parvis sacrés réservés aux juifs, il ne reste effectivement rien du tout aujourd’hui; tout a été détruit par les soldats romains en 70 de notre ère. Mais du mur soutenant la grande cour bruyante où se trouvaient les changeurs de monnaie et les vendeurs de colombes (Mc 11,15), des sections subsistent toujours, notamment celle communément appelée « mur des Lamentations ». Le mur des Lamentations, le lieu le plus sacré des juifs, Le temple de Jérusalem qu'a fréquenté Jésus avait été construit par le roi Hérode le Grand. Ou plutôt : Hérode avait rebâti le temple bien plus modeste qui avait été érigé au retour d’Exil. Hérode était un grand bâtisseur et afin de s'attirer la sympathie de ses sujets juifs (sa famille n’était pas juive de longue date), il avait décidé de rehausser le prestige du temple de Jérusalem et d’en faire « l’œuvre la plus édifiante et la plus belle de notre temps », selon les mots que Flavius Josèphe lui met dans la bouche. Le projet avait d'abord suscité quelques réserves, mais le résultat était tellement magnifique, y compris aux yeux des étrangers, qu’il a sans doute fait taire tous ses détracteurs. La reconstruction du temple fut une entreprise de longue haleine. « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, disent le juifs à Jésus, et toi, en trois jours tu le relèveras? » (Jn 2,20). En fait, à l’époque de Jésus, le temple n’était pas encore tout à fait terminé; la reconstruction du temple avait débuté en l’an 20 avant notre ère, et si le gros des travaux fut terminé en une dizaine d’années, le temple ne fut complètement achevé qu’en l’an 64, à la veille de la guerre judéo-romaine au cours de laquelle il sera détruit. Hérode n'avait pas seulement reconstruit le sanctuaire comme tel, c’est-à-dire l’édifice abritant le Saint-des-Saints devant lequel se trouvait l'autel des sacrifices, mais aussi les différents parvis et bâtiments rattachés au sanctuaire. Il avait aussi largement agrandie l’esplanade sur laquelle tout cela reposait, et c’est une partie du mur de soutènement de cette immense terrasse qui subsiste toujours sous le nom de mur des Lamentations. Juifs priant au mur des Lamentations. Il ne reste aujourd'hui que la partie inférieure du mur construit par Hérode. Pour avoir une bonne idée de ce à quoi ressemblait les assises supérieures du mur à l'époque de Jésus, il faut regarder le caveau des Patriarches, à Hébron, une autre construction hérodienne. Du mur des Lamentations, seules les sept premières rangées de pierres à partir du sol actuel sont d'époque hérodienne. Au dessus de ces grandes pierres hérodiennes rectangulaires se trouvent les pierres cubiques de l'époque omeyyade (VIIe s.) et des pierres plus petites des époques ultérieures. Tout juste au nord se trouve l'arche de Wilson, l'arche d'un viaduc qu'empruntaient surtout les juifs fortunés à l'époque de Jésus; il permettait un passage direct entre la ville haute, où les riches habitaient, et l'esplanade du temple, en passant au dessus de la vallée du Tyropéon. L'arche, dont la forme actuelle est d’époque omeyyade, constitue aujourd'hui l'entrée d'un lieu de prière réservé aux hommes et dont un des côtés est le prolongement du mur des Lamentations. L'intérieur est aménagé comme une synagogue, et, adossés au mur hérodien, deux puits permettent de voir que le mur se prolonge sous la surface du sol sur une quinzaine de mètres. Le lieu de prière sous l’arche de Wilson. Des juifs de partout à travers le monde viennent pleurer la destruction du temple devant le « mur des Lamentations », appelé aussi, en anglais surtout, « mur Occidental » (Western Wall), ou encore, en hébreu, simplement « le Mur » (HaKotel). Il s’agit là d’une vieille tradition, qui fut interrompue de 1948, date de la création de l’État d’Israël, à la guerre des Six Jours en 1967, alors qu’il était interdit aux juifs d’accéder au Mur, situé dans le quartier d’habitations d’Arabes maghrébins. À l’époque, il n’y avait qu’un passage d’environ 4 mètres entre le mur des Lamentations et les premières habitations. L’esplanade actuelle devant le Mur a été aménagée aux lendemains de la guerre des Six Jours, après que le quartier maghrébin ravagé par la guerre eut été complètement rasé. L’esplanade constitue une sorte de synagogue à ciel ouvert. Elle comporte une section au nord réservée aux hommes et une autre plus petite réservée aux femmes. Il est permis aux visiteurs non-juifs d'y accéder et de s'approcher du Mur, à condition de ne pas être musulman (ces derniers sont refoulés aux postes de contrôles donnant accès à cette partie de la vieille ville) et d’être vêtu convenablement (on prête une kippa en carton à ceux qui n’ont pas de couvre-chef, et un châle aux femmes trop légèrement vêtues). Une barrière sépare la section des femmes (arrière-plan) de celle des hommes. Il n’est par rare de voir des juifs se presser contre le Mur embrassant parfois les pierres. Certains insèrent entre les grosses pierres des prières inscrites sur des bouts de papier. Et par respect pour le lieu, les juifs venus y prier s’en éloignent toujours de reculons, de façon à ne pas lui tourner le dos. Le mur des Lamentations, reliquat du temple de Jérusalem et demeure de Yahvé, est le lieu le plus sacré pour les juifs. Plusieurs fêtes juives s’y déroulent. Déjà, à chaque vendredi soir l’esplanade accueille une foule toujours très nombreuse venue célébrer le début du sabbat en dansant et en chantant des chansons traditionnelles par petits groupes, créant ainsi une atmosphère résolument festive. Des fêtes annuelles y sont aussi célébrées, comme à la Soukkot, la fête des Tentes. Les juifs sont nombreux à se rendre au mur des Lamentations C’est aussi souvent le mur des Lamentations que les parents juifs choisissent comme lieu pour célébrer la Bar Mitzva de leur fils, par laquelle le jeune homme de 13 ans acquiert sa majorité religieuse et doit dès lors se soumettre aux 613 préceptes (mitzvot) du judaïsme; au cours de la cérémonie, le jeune juif, portant le châle de prière et les phylactères (petits boîtiers contenant des passages bibliques), doit lire en public un passage des Écritures hébraïques et en proposer un commentaire. D’autres cérémonies peuvent se dérouler sur l’esplanade du Mur, y compris des cérémonies militaires. Sinon, le reste du temps, l’atmosphère au mur des Lamentations est au calme, et le bourdonnement que produisent ceux venus y prier, toujours face au Mur, en se balançant d’avant en arrière et en fredonnant des passages des Écritures produit l’effet sonore d’un doux gémissement sans fin. Article
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