chronique du 26 mai 2006
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Pétra,
capitale des Nabatéens Cest dans le désert de lactuelle Jordanie
quest située lancienne citée de Pétra,
aujourdhui gardée et squattée par les Bédouins.
On peut y admirer les ruines de temples et de tombeaux parmi les plus
belles et les plus impressionnantes de tout le Proche-Orient. Cest
probablement la couleur rose de la pierre quon y retrouve qui a
valu à cette ville le nom de Pétra (la « Roche »,
en grec). Plusieurs monuments magnifiques ont été taillés
à même le rocher, comme celui appelé le « Trésor
du pharaon ». Le « Trésor
du pharaon », entièrement sculpté dans la pierre. Le « Trésor du pharaon » est sans doute le monument de Pétra le plus célèbre. Cest lui quon voit dans un des films de Indiana Jones. Cest le premier monument quon aperçoit lorsquon commence la visite de Pétra, car il est situé au bout de létroit canyon par lequel on accède au site. Le « Trésor du pharaon » doit son nom à la légende selon laquelle des pirates y auraient caché leurs trésors. En fait, le monument na rien à voir avec un supposé trésor, ni avec les pharaons dÉgypte. Cest plutôt le tombeau dun roi nabatéen. Les Nabatéens À lorigine les Nabatéens étaient des nomades dArabie dont léconomie reposait principalement sur le pillage de caravanes. À partir du IVe siècle avant notre ère, ils ont exercé progressivement le contrôle sur les routes commerciales où passaient les caravanes, et cest ainsi que leur territoire sest étendu. Le royaume quils ont fini par constituer consistait en une sorte de « zone dinfluence ». Le réseau de routes caravanières
contrôlé par les Nabatéens pouvait faire circuler
encens, myrrhe, bois précieux, épices et aromates dun
bout à lautre du Proche-Orient : de Damas (en Syrie),
à Alexandrie (en Égypte), en passant par Gaza (en Palestine)
et le Sinaï. Le site de Pétra, situé à lintersection
de routes commerciales importantes, était une forteresse naturelle.
Cest là que les Nabatéens ont établit leur
capitale au Ier siècle avant notre ère. Même si la
plupart des monuments quon y a retrouvés à ce jour
sont des tombes, Pétra nétait pas simplement une nécropole,
mais une réelle cité, comportant des bâtiments publics,
des marchés et un système daqueducs. La « Rue
à colonnades », au centre de la cité de Pétra. Les Nabatéens étaient polythéistes
et ils ont emprunté plusieurs divinités aux régions
voisines et aux religions gréco-romaines. Leur dieu principal,
assimilé à Zeus, se nommait Dushârâ (« celui
qui vient de Shârâ », nom de la montagne qui domine
Pétra). Les Nabatéens divinisaient aussi leurs rois. Pour
honorer leurs dieux, ils leur offraient des sacrifices danimaux,
suivis dun banquet rituel. Plusieurs temples ont été
retrouvés à Pétra. Un des plus gros monuments de
Pétra est dailleurs un monument cultuel. Cétait
vraisemblablement un lieu de pèlerinage, bien que sa fonction précise
soit incertaine. Les Arabes de la région ont nommé ce gros
monument el Deir, « le Monastère », en raison
de lutilisation quen ont fait les chrétiens à
partir du VIe siècle. Le « Monastère »,
dont lentrée gigantesque fait huit mètres de haut
quatre fois la taille dune personne! Dans la bible Les chercheurs ont cru un certain temps que Pétra correspondait à la ville de Séla (la « Roche » en hébreu) quon retrouve dans la bible (2 R 14, 7 ; en 2 Ch 25, 12, la Bible en français courant traduit séla par « falaise »). Avant de devenir une cité nabatéenne, le site de Pétra aurait alors été le lieu dune forteresse édomite. On reconnaît aujourdhui que cette identification était erronée. La ville de Pétra nest jamais mentionnée dans la bible. Par contre les Nabatéens, eux, le
sont. Dans lAncien Testament, ils font lobjet de quelques
mentions dans les deux livres des Maccabées. En 169 avant notre
ère, les Nabatéens emprisonnèrent l« infâme »
Jason (2
M 5,8), et trois ans plus tard ils accueillirent favorablement Judas
« Maccabée », le héros de la révolte
juive contre lempire séleucide (1
M 5,24-25). Peu après, larmée de Judas fut attaquée
par des « Arabes » quil faut peut-être
identifier aux Nabatéens (2
M 12,10-12), mais lépisode se solda par un traité
de paix, et les Nabatéens seront éventuellement considérés
comme des « amis » (1
M 9,35). Les relations ultérieures entre les Nabatéens
et les juifs, loin dêtre toujours pacifiques, nous sont connues
principalement par les écrits de Flavius Josèphe, historien
juif ayant vécu au premier siècle de notre ère. La « Rue
des façades ». Aujourdhui, plusieurs anciennes
tombes nabatéennes Arétas IV, Jean Baptiste et Paul Lâge dor de Pétra correspond en gros à lépoque au cours de laquelle a vécu Jésus de Nazareth, soit au temps du roi nabatéen Arétas IV, qui régna de lan 9 avant notre ère jusquen lan 40. Ce roi était un grand bâtisseur, comme beaucoup de monuments de Pétra le démontrent, et en bon politicien il créait des liens diplomatiques avec les souverains des régions voisines. Ainsi avait-il offert sa fille à Hérode Antipas, qui gouvernait la Galilée et la Pérée. Flavius Josèphe indique que Hérode
Antipas avait dû divorcer de la fille dArétas IV
afin de pouvoir épouser Hérodiade, la femme de son frère.
Jean Baptiste avait critiqué le comportement dHérode
Antipas et, selon les évangiles, cest ce qui avait entraîné
son arrestation et sa mort (Mc
6,17-18). Quelques années plus tard, Arétas IV
et Hérode Antipas se livrèrent bataille; Flavius Josèphe
indique que la défaite de Hérode Antipas fut interprétée
par certains juifs comme une punition infligée par Dieu à
Hérode Antipas pour avoir fait tuer Jean Baptiste.
Cest peut-être aussi du royaume
nabatéen dont il est question lorsque lapôtre Paul
écrit quil se rendit « en Arabie »
après sa conversion (Ga
1,17). Chose certaine, cest bien le gouverneur de ce même
roi des Nabatéens, Arétas IV, qui fit garder la ville
de Damas afin de semparer de Paul (2 Co
11,32-33). Lapôtre relate quil réussit à
séchapper en se laissant glisser dans un panier le long de
la muraille de la ville. Ce court récit de Paul indique que les
Nabatéens avaient gardé un certain contrôle sur Damas
même si à lépoque cette ville faisait officiellement
partie de la province romaine de Syrie. Une entente cordiale entre les
Nabatéens et les Romains est vraisemblable, dailleurs, une
trentaine dannées plus tard, les Nabatéens se rangeront
du côté des Romains lors de leur répression de la
révolte juive (66-70). De la ville de
Pétra, on peut voir les « Tombes royales »,
Bien quils aient laissé pendant encore quelques siècles des inscriptions un peu partout dans la région notamment dans le Sinaï les Nabatéens, comme peuple, ont disparu au IVe siècle de notre ère suite au tremblement de terre qui détruisit leur capitale, Pétra. Les fouilles archéologiques de Pétra ont révélé à ce jour des vestiges nabatéens qui se comptent par centaines, et il se pourrait bien que Pétra renferme encore beaucoup dautres « trésors », puisque les archéologues nont encore fouillé quà peine le dixième de sa superficie... Article
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