Ni homme ni femme
L'attitude du premier christianisme à l'égard de la femme. Évolutions et régressions
Michel Gourgues
Montréal, Médiaspaul ; Paris, Cerf (Lire la Bible 175), 2013, 163 p.
Michel Gourgues, professeur d’exégèse du Nouveau Testament au Collège universitaire dominicain à Ottawa, nous propose un livre pour réfléchir à l’évolution de la posture chrétienne au sujet des femmes. Il montre comment de l’attitude très ouverte de Jésus, les premières communautés chrétiennes ont fini par prendre les structures et pratiques sociales de leur époque.
Ce livre nous plonge dans une recherche historique présentée de façon chronologique. L’auteur commence avec l’attitude de Jésus envers les femmes en regardant les données de la triple tradition (Mc, Mt, Lc), la source Q, et les données propres à chaque évangile. Ce qui ressort de ces sources est que Jésus ne faisait pas de différenciation entre les hommes et les femmes. Les chapitres qui suivent sont dédiés au témoignage de Galates 3,28 « ni homme ni femme », à la première lettre aux Corinthiens et au durcissement qu’on retrouve dans les lettres attribuées à Paul. Loin d’être misogyne, cette exploration montre un Paul qui s’inscrit dans la ligne de l’attitude de Jésus et précise le visage de l’égalité entre les hommes et les femmes dans les domaines de la vie conjugale et la prière communautaire.
Le livre termine en examinant une étape de régression illustrée par les passages où la femme n’est pas présentée comme l’égal de son mari. « Que la femme soit soumise à son mari » (Col 3,18-19; Ep 5,21-24; Tt 2,4-5; 1 P 3,1-2) Ce durcissement progressif de l’attitude chrétienne envers la femme serait dû à l’adaptation à la culture gréco-romaine ambiante.
Tout se passe comme si l’assimilation de valeurs et de mœurs du milieu avait amené à mettre en veilleuse quelque chose du spécifique chrétien, à perdre de vue le fait que, dans le Christ, « il n’y a plus ni homme ni femme. »
En somme, c'est un excellent livre qui présente très bien la thématique annoncée. Par ailleurs, il faut savoir que la lecture présuppose des connaissances de base en études bibliques qui ne sont pas toujours expliquées.
Sébastien Doane, bibliste