Marie
Jacques Duquesne
Paris, Plon, 2004, 226 p.
Lire
un extrait
Marie, telle que la théologie et lhistoire de lart lont présentée au cours des siècles, est-elle vraiment humaine? Cest cette question qui semble tenailler Jacques Duquesne dans son dernier essai.
Dans une première partie, il reprend le dossier des sources pour tenter de tracer un portrait de la « Marie de lhistoire » comme le font les historiens, depuis quelques années, pour percer le mystère du Jésus de lhistoire. Mais dans le cas de Marie, les rares mentions dans les Écritures montent les limites de lenquête. On peut même sétonner que la théologie mariale ait connu un tel développement sur des assises aussi ténues. Parmi les questions abordées dans cette section, on retrouve celles de la virginité de Marie, du rôle de Joseph, de la manière de comprendre ceux que nos traductions désignent comme les frères et les soeurs de Jésus. Lauteur conclut son enquête en affirmant que lIncarnation et la conception virginale sont irréconciliables. Il prétend également que, dès les premiers siècles de lÉglise, on en est venu à déshumaniser la figure de Marie au profit du concept de sa virginité.
Dans la deuxième partie, Duquesne poursuit son enquête en brossant les grandes lignes de la réflexion chrétienne qui a permis de hausser Marie au rang quon lui connaît aujourdhui. Il consacre lun des derniers chapitres à la crise quon a connu au concile Vatican II : un groupe de théologiens a échoué de justesse à faire approuver une constitution sur le rôle de co-Rédemptrice de la Vierge Marie.
Ce livre de Jacques Duquesne traduit sans doute un malaise de plusieurs catholiques devant la figure de Marie. Aussi recevra-t-il un accueil favorable auprès de ces lecteurs. Par contre, étant donné ses prises de position clairement affirmées, il risque de sattirer les foudres de lépiscopat comme son Jésus lavait fait en 1994.
Que lon soit daccord ou non avec son argumentation et ses conclusions, Marie a le mérite daborder des questions taboues pour tenter de faire avancer les débats. Comme les dogmes ont été élaborés, comme les Écritures, dans un contexte culturel particulier, différent du nôtre, il devient peut-être urgent de penser à en faire lexégèse. Ce nest pas ce que fait cet essai mais la réflexion amorcée par Jacques Duquesne mérite dêtre poursuivie.
Sylvain Campeau
Bibliste, Laval