Que sait-on de Qumrân ?
Jodi Magness
Paris, Bayard, 2003, 341 p.
Professeure dhistoire et darchéologie du judaïsme ancien à lUniversité de Caroline du Nord, Jodi Magness fait ici le point sur larchéologie du site de Qumrân, lieu principal de la découverte des manuscrits de la mer Morte; elle expose également ses idées personnelles sur quelques questions controversées à leur sujet.
Les quatre premiers chapitres abordent des questions générales. Le livre souvre sur une « Brève introduction à larchéologie de Qumrân » qui fournit quelques informations de base sur les méthodes des archéologues et leur moyens de dater ce quils trouvent. J. Magness rappelle ensuite lhistoire de lexploration du site depuis la fin du XIXe siècle, et celle de la découverte des manuscrits à partir de 1947. Le chapitre 3 donne un aperçu des trois catégories de manuscrits trouvés à Qumrân (manuscrits bibliques, documents sectaires, écrits apocryphes et pseudépigraphiques) et explique pourquoi on les associe généralement aux Esséniens décrits par les auteurs anciens.
Une des contributions les plus originales de J. Magness est sa révision de la chronologie de loccupation du site (chapitre 4): elle estime que létablissement sectaire a été fondé entre 100 et 50 avant notre ère, soit un demi-siècle plus tard que la date proposée initialement par Roland de Vaux. Elle soutient également que le site na pas été abandonné en 31 avant notre ère, après un tremblement de terre, mais seulement plus tard, vers lan 9 ou 8 avant notre ère, pour une période de quelques années seulement. Elle saccorde cependant avec de Vaux sur le fait que le même groupe a ensuite réoccupé le site (de ~ 4/1 avant notre ère à 68 de notre ère).
Les chapitres 5 à 10 touchent des aspects particuliers de larchéologie de Qumrân: la poterie et larchitecture; les vestiges de repas communautaires, de latrines et le problème des espaces sacrés; les bains rituels (miqvaot), plus nombreux quon ne le croit généralement; les femmes et le cimetière de Qumrân; la taxe du Temple, les vêtements et lhostilité des membres de la secte à lencontre de lhellénisation; deux sites apparentés, Aïn Feshkha et Aïn Geweir.
Il faut être reconnaissant aux Éditions Bayard davoir produit aussi rapidement une excellente traduction française de ce recueil dessais qui constitue un des meilleurs états de la question actuellement disponible à propos de larchéologie du site de Qumrân et de sa relation avec les manuscrits de la mer Morte. Louvrage est abondamment illustré (68 photos, dessins, plans et cartes). Trois index en facilitent la consultation de cet ouvrage et des notes bibliographiques invitent le lecteur à approfondir les questions qui y sont abordées.
Jean Duhaime
Université de Montréal
Ce texte est paru dans Présence magazine 98 (2004) et repris ici avec la permission de léditeur.