Quest-il advenu des exilés après la chute de Jérusalem en 586 av. JC? On se rappelle que les Assyriens ont déporté lélite politique et religieuse. Un groupe dexilés aurait-il émigré profondément en Asie? Dans ce troisième volet dune série de romans initiés avec Qumran, Éliette Abécassis propose une réponse originale à cette question. Contrairement aux deux premiers romans de la série toutefois, celui-ci ne fait pas lunanimité chez les critiques. On lui reproche, entre autres, davoir tissé le récit à laide dune trop grande quantité déléments hétéroclites. Malgré cela, ceux et celles qui ont aimé lire les deux premiers volets de la série seront heureux de retrouver les mêmes personnages dont les destins sont liés par une nouvelle aventure.
Miraculeusement préservé par la glace, le cadavre dun homme assassiné il y a plus de 2000 ans est retrouvé dans un sanctuaire shintoïste près de Kyoto, au Japon. Sa main est crispée sur un fragment de parchemin dont lécriture ressemble étrangement à celle des manuscrits de la mer Morte. Ary Cohen est alors chargé denquêter pour le compte des Services secrets israélien. En acceptant cette nouvelle mission, Ary espère retrouver Jane sans se douter que son périple le mènera dans plusieurs sanctuaires japonais et tibétains. Son voyage sera aussi intérieur car il fréquentera de grands maîtres spirituels et il relèvera plusieurs ressemblances entre les traditions shintoïstes et hébraïques. Finalement, son rôle de Messie le poursuit car il aura le privilège dentrer au cur dun sanctuaire interdit.
En ce qui concerne la thèse qui charpente le roman, quelques précisions simposent. On peut dabord affirmer que lexil na jamais terminé. La majeure partie du peuple juif a toujours vécu (et vit toujours) dispersé. Et lexil a transformé la manière dont est vécue lAlliance : plutôt que dêtre lié à une terre et au temple, le judaïsme est devenu une religion du livre. Il devient par conséquent difficile de prétendre que le shintoïsme pourrait avoir une origine hébraïque puisquaucun écrit de latteste. Et ce serait bien la seule communauté de la diaspora qui naurait pas garder vivante sa riche tradition scripturaire...
Sylvain Campeau
bibliste, Laval