La fille de Jacob
Anita Diamant
Paris, Robert Laffont (Best-Sellers), 2000, 297 p.
Dans ce premier roman, Anita Diamant raconte lhistoire de Dina
dont le souvenir est à peine évoqué dans les Écritures.
Une première partie est consacrée aux quatre épouses
de Jacob car « pour comprendre une femme, il faut dabord
linterroger sur sa mère » (prologue). Bien quelle
soit la fille de Léa, Dina parle aussi de ses tantes Rachel,
Zilpa et Bilha quelle considère comme ses mères.
De son union avec les filles de son oncle Laban, Jacob aura douze fils dont les noms correspondent à celui des douze tribus dIsraël. Seule Léa lui donne une fille dont le destin est lié à celui des habitants de Sichem, une bourgade voisine du campement familial. Sans être très clair, le récit biblique (Gn 34,1-21) laisse croire que Dina a été agressée. La réponse de ses frères à cette violence sera terrible.
Dans la deuxième partie, la vengeance des fils de Jacob sera retenue par la romancière mais elle propose une autre explication à lévénement dont le récit de Gn 34 se fait lécho. La troisième partie raconte comment Dina réussit à survivre en senfuyant en Égypte après le massacre perpétré par ses frères.
À partir de quelques versets dans les Écritures, lauteure a écrit une reconstitution plausible dune figure biblique presque oubliée. Dans ses descriptions, une grande attention est portée à la vie des femmes cristallisée autour de la tente rouge, lendroit réservé aux femmes où elles se rassemblent chaque mois. Ce que lon pourrait reprocher à ce roman, cest le manque de référence au Dieu de la Bible. On le mentionne quelques fois seulement sous le vocable « El » mais le Dieu des pères, pourtant souvent invoqué dans la Bible, reste dans lombre. Cest le cas notamment dans le récit du combat mystérieux de Jacob (Gn 32, 23-32) où aucune référence nest faite à Dieu, où Jacob ne reçoit pas le nom dIsraël; ce beau récit perd ainsi tous ses repères symboliques. Malgré cette lacune, La fille de Jacob est un roman que lon recommande à toute personne qui sintéresse à la condition féminine et à la maternité à une époque reculée, certes, mais dont les enjeux et les exigences de la vie quotidienne ressemblent à ceux daujourdhui.
Sylvain Campeau
Bibliste, Laval