Abraham, le pèlerin de la foi (6/6) |
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La prière d'AbrahamAbraham rencontre Dieu sur sa route de nomade, à travers ses pérégrinations vers le pays que Dieu lui indiquera. Sa route est jalonnée de moments de prière, tantôt dans le cadre grandiose de la nature, comme la construction d’un autel où il invoque le nom de Yahvé El Shaddaï, le Montagnard (cf. Gn 13,4); tantôt dans le cadre de sa vie ordinaire, comme au chêne de Mambré où il accueille Dieu à l’entrée de sa tente; tantôt dans des moments tragiques, comme au jour de la destruction de Sodome. On voit que la prière d’Abraham a une dimension universelle tout comme le sont sa vocation et sa mission. Abraham entre en prière quel que soit le lieu où il se trouve. Pour trouver Dieu et faire l'expérience de sa présence, cela suppose qu’Abraham soit dans un état de prière. Il est en attention, en éveil, mais aussi en état d’amitié disponible et obéissante, toujours prêt à entrer dans la présence de Dieu. Nous allons aborder la prière d’intercession d'Abraham (Genèse 18,17-33). Celui-ci y fait l’expérience de la distance entre la réalité et la promesse de Dieu. En intercédant pour les justes de Sodome, Abraham agit vraiment comme porteur de la bénédiction de Dieu pour toutes les nations. Remarquons que Dieu prend encore une fois l'initiative. Il se pose la question: informera-t-il ou non Abraham du châtiment qu'il s'apprête à infliger aux gens de Sodome. Dieu met finalement Abraham devant la situation, suscitant ainsi la prière d'intercession d'Abraham. Dieu accepte donc, dans un geste inouï de liberté, d'être à l’écoute d'Abraham. Notons comment Abraham se montre à la fois humble et hardi. Même s'il se reconnaît poussière devant Dieu, il n'en demeure pas moins audacieux pour lui parler. Dieu veut qu'Abraham intercède pour le peuple, et non uniquement pour la famille de son neveu. Abraham se livre donc à une négociation avec Dieu. L'intercession prend l'allure d'un « marchandage de miséricorde ». Abraham force Dieu à agir en conformité avec ce qu'il est. Si Dieu s'est révélé le juge de toute la terre, il doit agir avec justice, sinon Dieu n'est plus lui-même. Abraham place Dieu « au pied du mur ». Et le plus étonnant, c'est que Dieu se laisse faire et se rend aux arguments d'Abraham, car celui-ci s'appuie sur la promesse de Dieu, et non sur lui-même et ses mérites, ou sur les mérites des hommes. Abraham n'a pas osé aller jusqu'à un seul juste. Jérémie s'y rendra: si Dieu trouve un seul juste dans Jérusalem, il pardonnera à la ville (Jr 5,1). Mais n’est pas juste qui veut. Pour Isaïe, le Serviteur de Dieu est le juste qui porte la souffrance et le péché de tout un peuple. Enfin, Jésus, le juste par excellence, ira jusqu'au bout de l'amour pour que l'amour sauve le monde. La prière d'intercession fait du croyant un combattant sur la brèche, tenant à tout prix à ce que la miséricorde de Dieu se manifeste et soit accueillie. En s'arrêtant à dix justes, Abraham nous indique probablement que la prière d'intercession n'est pas la folle prétention d'influencer Dieu pour le faire changer d'avis. Mais elle consiste à entrer dans l'univers de Dieu, dans le milieu divin. Dieu suscite l'intercession d'Abraham pour le faire entrer dans une action réciproque avec lui. La réalisation de ce que Dieu veut ou promet est suspendue à la fidélité du croyant intercesseur. Le croyant est l'ami intime à qui Dieu ne cache rien. Ce faisant, Dieu fait de lui un confident et lui donne part à ses desseins sur l'histoire. Nous avons une anticipation de ce que Jésus déclarera à ses disciples: Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître (Jn 15,15). En retour, Abraham, l'ami de Dieu, veut, par son intercession, connaître Dieu en profondeur. Comme l'écrit le cardinal Martini, « il désire tellement le comprendre, lui rendre justice à ses propres yeux et aux yeux du monde, qu'il lui fait les demandes les plus audacieuses » (Abraham, notre Père dans la foi, p. 134). En fait, Abraham veut connaître le problème fondamental de la justice de Dieu envers les hommes. Source : Le Feuillet biblique, no 2346. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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