chronique du 14 janvier 2011 |
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Prier avec les psaumesEst-ce que lire un psaume une fois aura la même valeur que de répéter ce psaume plusieurs fois? Comment prier avec les psaumes? (Étienne, Paris) Lire un psaume et le prier sont deux choses différentes! Lire est avant tout une activité intellectuelle de déchiffrage, de compréhension et d’interprétation d’un texte. Mais prier, suppose une attitude qui ouvre à une relation avec Dieu et qui nous engage jusqu’au plus profond de notre être. Pour les humains que nous sommes, il est pratiquement impossible d’arriver à ce niveau de profondeur à la première lecture d’un psaume. Comme pour tout texte, en lisant un psaume une seule fois, on risque d’en rester au niveau intellectuel, au niveau de l’effort de compréhension, au niveau de la connaissance de son contenu. En reprenant ces mêmes psaumes au fil des jours, des mois et des années, on finit par les savoir par coeur. Alors, notre attention n’est plus accaparée par l’effet de la nouveauté ou par l’effort de compréhension, mais par l’application à entrer en relation avec le Seigneur. À force de reprendre les mêmes mots, nous descendons progressivement au coeur de nous-mêmes. L’image qui me vient spontanément en tête est celle de l’oignon avec ses multiples pelures. Reprendre un même psaume encore et encore nous permet graduellement de situer notre prière dans des zones plus profondes de notre être. Je pense aussi aux amoureux qui se disent les mêmes « Jet’aime! » au fil des années, mais avec une profondeur et une densité qui évoluent avec le temps. J’emploierais une autre image pour faire comprendre pourquoi il est bénéfique de ré-utiliser les mêmes psaumes à de multiples reprises à travers le temps. Je dirais que le psautier est une école de prière. Toutefois, ce n’est pas par des enseignements théoriques que les psaumes nous enseignent à prier, mais en nous mettant des mots dans la bouche. En effet, par les mots qu’ils nous fournissent, les psaumes nous font adopter les attitudes de prières qui nous donnent d’entrer en communion avec Dieu à travers les diverses circonstances de la vie. Par exemple, il y a des psaumes qui nous apprennent à louer Dieu pour la beauté de la Création. Il y en a d’autres qui nous apprennent à crier notre souffrance à Dieu ou à nous abandonner à lui dans nos moments de détresse et d’angoisse, etc. À mesure que nous reprenons ces mêmes psaumes, nous développons le réflexe de la louange. Nous apprenons à crier plus spontanément vers Dieu dans nos situations de souffrance ou de détresse. En d’autres termes, la reprise fréquente des mêmes psaumes tracent en nous des sentiers de prière. Pensons à la façon dont se constitue un sentier dans un champ d’herbes hautes. Si l’on y passe une seule fois, on ne pourra plus retrouver son chemin au milieu de la végétation. Mais si on circule fréquemment au même endroit, on aura peu à peu un sentier très clair, sans herbes, où il sera aisé de circuler et de trouver son chemin. Par l’usage répété des psaumes des chemins de prière s’ouvrent dans notre coeur. Il devient alors facile de se relier à Dieu dans toutes les circonstances de la vie, heureuses ou malheureuses. Comment prier avec les psaumes?Pour ne pas en rester à une « lecture » superficielle des psaumes et pour leur donner la chance de nous enseigner vraiment à prier, il peut être utile d’en apprendre quelques-uns par coeur. Lorsqu’on connaît un psaume par coeur, il nous habite et il nous accompagne partout où nous allons. Nous pouvons alors le murmurer ou le chanter, le soupirer ou le crier aussi souvent qu’on le désire et en toutes sortes de circonstances. Puisqu’il est entré en nous, il peut nous travailler et faire son oeuvre en nous. On peut le laisser jaillir de notre mémoire et de nos lèvres que l’on soit dans la circulation automobile ou seul en forêt, en marchant sur la rue ou en faisant la vaisselle. Fondamentalement, les psaumes sont des prières poétiques chantées. Depuis la nuit des temps, les humains ont fait l’expérience que le chant aide à s’intérioriser et à engager dans la prière des zones plus profondes de note être. L’usage du chant peut être très aidant dans l’approfondissement de la prière des psaumes. D’ailleurs, il est plus facile de mémoriser un psaume si on l’apprend avec une psalmodie, c.-à-d. en le chantant sur un air qui se répète d’une strophe à l’autre. C’est ce qu’ont expérimenté depuis plusieurs siècles les communautés de moines et de chanoines réguliers. Le chant des psaumes est au coeur de leur vie de prière. Cependant, si quelqu’un n’est pas l’aise avec le chant ou s’il n’a pas appris à chanter les psaumes, il peut alors les réciter à voix haute ou à tout le moins les murmurer. Autrement, la récitation des psaumes risque de se limiter à être une activité mentale. Il est bon de faire participer aussi son corps à la prière. En chantant ou en récitant à haute voix, nos lèvres, nos cordes vocales, nos oreilles se trouvent engagées elles aussi dans notre relation à Dieu. Si on est dans un endroit et dans une situation qui le permettent, nous pouvons aussi faire des gestes ou adopter une position corporelle qui traduit ce qu’exprime le texte du psaume. On peut lever les mains vers le ciel, on peut se prosterner, s’agenouiller. Il est toujours souhaitable de pouvoir impliquer dans la prière toutes les dimensions de notre personne. Notre prière gagne alors en densité. Trois perspectives pour prier les psaumesLorsque nous prions les psaumes, nous pouvons le faire à partir d’au moins trois perspectives ou trois points de vue différents. 1. On peut prier tel psaume en faisant nôtres les mots du psalmiste. Il s’agit alors d’utiliser les paroles du psaume comme s’il s’agissait de nos propres mots adressés au Seigneur. Dans ce cas, nous prions pour nous-mêmes. Selon le genre de psaume auquel nous avons affaire, soit que nous rendons grâces à Dieu pour des bienfaits qu’ils nous a accordés soit que nous lui demandons de l’aide pour une situation à laquelle nous faisons face personnellement. 2. On peut prier tel psaume dans une perspective christologique. Dans ce cas, nous abordons le psaume comme s’il était dit par Jésus Christ à Dieu le Père. Les paroles du psalmiste nous apparaissent alors comme les mots que Jésus adresse au Père céleste. Nous adopter une telle perspective parce que nous savons que Jésus, comme tout Juif pieux de son temps, a prié les psaumes. On peut penser qu’il en connaissait plusieurs par coeur. Dans cette perspective christologique, prier tel psaume nous fait communier à la prière même du Christ. La récitation de ce psaume nous fait entrer dans l’intimité de la relation qui existe entre le Fils et le Père; elle nous fait entrer dans cette communion. 3. On peut prier tel psaume dans une perspective ecclésiologique. Dans ce cas, nous abordons le psaume comme s’il était chanté par l’Église entière, par le peuple de Dieu. Les paroles du psalmiste nous apparaissent alors comme les mots que l’Église adresse soit au Père soit à Jésus Christ. Alors quand nous récitons tel psaume dans cette perspective, nous devenons la voix de l’Église qui se tourne vers son Dieu. Nous prions alors au nom de l’Église et/ou pour l’Église. Ce sont là des perspectives qui nous font entrer dans une vie de prière très profonde et qui dilate notre coeur. Les points de vue 2 et 3 nous permettent de nous décentrer de nous-mêmes et de nos seuls besoins pour entrer dans une prière qui est communion et contemplation. Ces manières de prier les psaumes sont expérimentées dans les monastères de moines et de chanoines réguliers depuis plusieurs siècles. Chronique
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