chronique du 28 octobre 2011 |
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Réjouissez-vous! La tour de Babel s’effondreNaomi Klein, journaliste canadienne et auteur de La Stratégie du choc, était invitée à s’exprimer par le mouvement Occupy Wall Street, à New York. (extraits)
Apocalypse 18, 1-24
L’effondrement de la MondialisationLa mondialisation est en pleine tornade : l’Union européenne est menacée d’explosion et plusieurs pays sont à tel point endettés qu’ils risquent tout simplement la faillite. Aux Etats-Unis, Obama déçoit le pays avec ses 46 millions de chômeurs et une économie au bord de la dépression. On a investi dans le sauvetage de grandes banques à coup de milliards de dollars pour ensuite refiler la facture aux populations en coupant dans les services. Pourtant, les institutions financières récemment sauvées avec l’argent des contribuables déclarent des milliards de profits à chaque trimestre. Les gouvernements sont à la solde des grandes entreprises au détriment du bien commun. Dans ce contexte, je propose de relire ce magnifique texte de l’Apocalypse de Jean qui décrit l’Empire romain de son temps comme une Babylone de la confusion. Écrit dans un contexte mythique, cette prophétie nous parle aujourd’hui avec autant d’à-propos qu’aux premières communautés chrétiennes qui vivaient opprimées par le pouvoir romain. La déesse Rome y est décrite comme la grande Prostituée, assise « sur des peuples et des foules, des nations et des langues… Elle est la ville, la grande, qui a royauté sur les rois de la terre. » (Ap 17,16-18) Nous avons ici un texte de jugement divin historique que les témoins chrétiens voient poindre à l’horizon. Rome (appelée Babylone) est jugée à cause du sang qu’elle répand et des richesses qu’elle a accumulées : assassinats et idolâtries (prostitutions). Aujourd’hui, cette Prostituée s’appelle Mondialisation et ses grands prêtres sont de grands financiers, des gens qui se sont enrichis en pillant les biens publics et en épuisant les ressources naturelles dans le monde. Leur cupidité effrénée a saccagé l’économie mondiale et détruit la vie de milliards d’êtres humains. Sang et prostitution ! Reconstruire notre conscience collectiveJean ne cherche pas seulement à encourager les disciples persécutés, il veut reconstruire la conscience de la communauté chrétienne. Ceci est bien important ; quand un régime absolu prend le pouvoir, il essaie par tous les moyens de faire accepter aux populations son autorité : répression, climat de terreur, religion, propagande, corruption, tout lui sert pour pénétrer dans le cerveau des opprimés et les obliger à se soumettre. Après la sortie d’Égypte, les esclaves ayant fui dans le désert revendiquent à Moïse de la viande et les oignons d’Égypte, lassés de manger de la manne. Le théologien Leonardo Boff disait à ce propos qu’il est plus facile de faire sortir les Hébreux d’Égypte que de faire sortir l’Égypte de la tête des Hébreux. Pareillement aujourd’hui, il nous est difficile de nous détacher de nos habitudes de consommation; toute notre vie est imprégnée de cette idéologie et nous avons besoin de reconstruire notre conscience. Dans la conscience de la communauté chrétienne, Rome, repaire de tous les esprits impurs, est déjà tombée. « La lecture de ce chapitre nous permet de savoir, aujourd’hui, comment à la fin du Ier siècle, au cœur de l’Empire romain, les chrétiens voyaient la réalité, ce qu’ils en pensaient et ce qu’ils ressentaient. » [1] Suivre le christ Jésus signifiait répudier l’empire de César. Aujourd’hui, pourrait-on dire qu’à l’intérieur des églises chrétiennes existe cette répudiation radicale du mode de vie matérialiste et individualiste dans lequel nous baignons? Ne nous sommes-nous pas accommodés à notre niveau de vie de pays développé, facilement oublieux des conséquences dramatiques que cela amène pour la grande masse des affamés et pour la vie elle-même sur notre petite planète? Les politiciens, les entrepreneurs et les commerçants se lamententUn climat de tension et de panique est perceptible chez les politiciens et les banquiers : multiplication de rencontres des grands de ce monde, pressions sur les gouvernements des pays au bord de la faillite, recherche de solutions pour sauver l’euro, plan de relance maintes fois proposé par Obama et chaque fois refusé par le Congrès. Ces puissants ont beaucoup à perdre et on constate déjà que leur monde s’effondre. Dans le texte biblique, les marchands énumèrent les produits qu’ils vendaient à Rome : l’or et l’argent sont au premier rang, puis suivent les pierres précieuses, les vêtements luxueux, les matériaux de construction nobles, les parfums capiteux, les aliments de choix, les animaux domestiques pour le travail et la guerre et en fin de liste, comme dernier produit de consommation, les esclaves et la vie humaine. Aujourd’hui encore la maximisation des profits passe avant les salariés et des millions d’emplois sont perdus chaque année pour améliorer le rendement aux actionnaires. Le travail humain est devenu le dernier des biens de consommation. Sortez de cette cité, ô mon peuple !L’ordre que Dieu donne à son peuple est de sortir de ce système : « Sortez, ô mon peuple de chez elle, que vous ne soyez pas en communion avec ses fautes. » « Cette sortie n’est pas physique, mais économique, sociale, politique et spirituelle. » [2] Aujourd’hui c’est avec soulagement que nous voyons Wall Street et les grandes places du pouvoir financier un peu partout dans le monde être occupées par celles et ceux qui se désignent comme les 99%. Le mouvement des indigné-e-s qui s’opposent à la place occupée par la haute finance, mouvement de jeunes mobilisés avec détermination et sans violence, ce mouvement a entendu cet ordre : sortez de cette cité. Il s’agit d’une sortie spirituelle, d’une résistance aux valeurs véhiculées par le dieu argent. Invitée à s’adresser aux personnes qui occupent Wall Street à New-York, la journaliste canadienne Naomi Klein proclamait : « Je parle de changer les valeurs sous-jacentes qui régissent notre société… C’est ce qui se passe sur cette place, il me semble. Dans la façon dont vous vous nourrissez ou vous réchauffez les uns les autres, partageant librement les informations et fournissant des soins de santé, des cours de méditation et des formations à l’empowerment. La pancarte que je préfère ici, c’est : « Je me soucie de vous. » Dans une culture qui forme les gens à éviter le regard de l’autre et à dire : L’apocalypse finit par un chant de victoire : la foule nombreuse clame sa joie, car Dieu a fait justice. La chute de la grande Prostituée est une bonne nouvelle pour les 99% : un monde nouveau peut advenir car Dieu a visité son peuple. Alléluia!
Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique
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