chronique du 15 avril 2011 |
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Aurions-nous renié le Christ ?*
Le reniement de Pierre (Marc 14, 66-72)
RéflexionL’archevêque d’Ottawa Mgr Terrence Prendergast, S.J. refuse l’hospitalité à un confrère jésuite qui dirige un important Centre de défense des droits humains au Mexique et lui interdit de parler dans son diocèse alors qu’il était l’invité de Développement et Paix pour le carême de partage. Le prélat renie et outrage ainsi l’œuvre courageuse et persévérante de sa propre Congrégation depuis des décennies dans un pays déchiré par les assassinats et la violence! L’évêque de Pembrooke Michael Mulhall, annonce pour sa part qu’il retient des fonds destinés à Développement et Paix parce que « la part du lion est destinée à 71% au renforcement des mouvements sociaux, à la démocratie et la participation et à la promotion des femmes ». Comme si cela n’avait rien à voir avec la doctrine sociale de l’Église ni avec l’Évangile! Ainsi que Pierre chez Caïphe, les disciples d’aujourd’hui nous sommes installés dans la cour du palais et nous nous réchauffons au feu confortable d’un système injuste, violent et cruel, pendant que Jésus est torturé et que ses cris tragiques parviennent à nos oreilles. « Je ne sais même pas de quel homme vous parlez. » Comme Pierre, nous voudrions suivre Jésus jusqu’au bout, mais nous l’avons abandonné par notre mode de vie. Nous sommes inconscients, indifférents au sort des millions d’appauvris qui habitent notre terre. Nous ne voulons pas voir le Christ, notre Seigneur, dans les gens que nos politiques appauvrissent, affament, assoiffent et agressent. Comme croyants et croyantes, nous nous tenons à l’écart - c’est là le sens du mot apostasie. Jésus est abandonné par les siens! « Croyez-en ma parole, chaque fois que vous n’avez rien fait pour venir en aide ne serait-ce qu’à un seul de ces petits, c’est à moi que vous n’avez rien fait. » (Matthieu 25,42) Que le coq chante au plus vite !« Un coq chanta. Pierre se rappela de ce que lui avait dit Jésus et hors de lui, il pleura. » Les larmes de Pierre marquent son éveil, sa conversion, son retournement; c’est à ce moment qu’il devient vraiment disciple. Nous en sommes là comme Église : nous rappeler les exigences de Jésus et confesser que nous l’avons abandonné. Il n’y aura pas de place pour le Christ en Amérique du Nord sans une rupture radicale avec le système impérial. C’est Dieu ou l’Argent : nous ne pouvons continuer à servir deux maîtres. Le temps est à la repentance, au silence et aux choix déchirants. Alors seulement la mission pourra commencer, car nous aurons retrouvé le Souffle du ressuscité pour annoncer qu’un autre monde est possible. Sans cette conversion à la justice et à la paix, sans autocritique, sans engagement, sans une praxis libératrice, pas de mission et pas d’Église vivante. Annoncer et faire advenir le règne, promouvoir et défendre la justice par des actions libératrices, malgré tout ce que cela comporte d’ambiguïtés, d’errements, de cul-de-sac, de reculs et d’échecs, voilà le chemin de notre conversion. Ne comprenez-vous pas encore ?Le reproche scandalisé que Jésus fait à ses disciples de façon insistante et critique est celui de ne pas lire les Écritures avec discernement. « N’avez-vous jamais lu ce qu’à fait David? » (2,25); « Vous ne comprenez pas cet exemple? Comment comprendrez-vous tous les exemples? » (4,13) « Alors vous êtes, vous aussi, sans discernement? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre du dehors, dans l’homme, ne peut le souiller. » (7,18) « Pourquoi ruminez-vous parce que vous n’avez pas de pain? Vous ne le réalisez pas encore? Vous ne comprenez pas? Vous avez le cœur endurci! Vous avez des oreilles et vous n’entendez pas! Ne vous souvenez-vous pas, quand j’ai partagé les cinq pains pour les cinq mille, combien de paniers remplis de parts avez-vous enlevés? … Et les sept pour les quatre mille? Combien de paniers remplis de parts avez-vous enlevés?… Ne comprenez-vous pas encore » (8,17-21). Jésus relit les Écritures à la lumière de son contexte social et c’est justement ce qui effraie les disciples, étonnés de voir l’opposition violente que son message provoque. Aujourd’hui encore, nous manquons de discernement et nous sommes des aveugles qui croyons voir. Oïe, pharisiens, vous passez à côté de la justice et de l’amour de Dieu ! (Luc 11, 42)À cette indifférence et cet aveuglement, s’ajoute un autre élément : l’intégrisme d’une droite catholique militante qui se réclame d’une conception antimoderniste pour justifier ses violences économique, politique et sociale. Des groupes d’idéologie conservatrice qui prétendent être « les vrais catholiques » remettent en question l’autorité morale des évêques en les harcelant et en s’attaquant vicieusement depuis des années à Développement et Paix, ce qui a des conséquences désastreuses auprès des groupes partenaires du Sud. Supportons Développement et Paix dans cette crise afin de pouvoir continuer collectivement à appuyer les populations pauvres et vulnérables dans les pays du Sud et redonner espoir à ceux et celles qui en ont le plus besoin. (objectif de D&P)
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