chronique du 18 septembre 2009
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Crise sociale : pour qui fonctionne l’économie ?Depuis le début de la crise, les médias attirent l’attention des citoyens sur son aspect économique. Va-t-elle s’aggraver? Y a-t-il un signe de reprise? Le suspense est entretenu comme s’il ne s’agissait que d’une partie de Monopoly. Et pourtant, l’aspect le plus dramatique est certes la profonde crise sociale qui frappe l’ensemble de la planète. Au Canada, depuis octobre, le taux de chômage s'est accru de 2,3 % pour s'établir à 8,6 %, soit le taux le plus élevé en 11 ans. Mais ce chiffre n’inclut pas les chômeurs « découragés », qui souhaitent ardemment travailler, mais qui ont cessé de rechercher activement un emploi parce qu’ils sont persuadés qu’il n’y a pas d’empois disponibles. En temps de récession, ils sont des dizaines de milliers à ne pas faire partie des statistiques officielles du chômage, d’où la sous-évaluation du taux de chômage. Ces chômeurs découragés sont néanmoins privés de revenu, ne satisfaisant pas les conditions serrées d’accès aux prestations « d’assurance-emploi ». L’appauvrissement de la population qui en résulte s’accompagne de multiples problèmes sociaux et de santé. Selon un sondage Ipsos Reid de juin, les pressions financières amènent 16% des Canadiens à sauter des repas, en empêchent 23% de dormir, stressent grandement 40% de la population et amènent 14% des Canadiens à retarder l'achat de médicaments d'ordonnance. L’ampleur de cette crise a-t-elle fait réfléchir nos dirigeants politiques sur la mondialisation néolibérale, cause de la dépression? Non! Ils ont adopté des mesures de sortie de crise qui ne cherchent qu’à socialiser les pertes pour assurer la survie d’un système basé sur la propriété privée des secteurs stratégiques de l’économie. Le résultat, un fossé de plus en plus profond entre les riches et le reste de la population. Il revient au peuple de changer la direction politique. Dans ce sens, l’Assemblée des mouvements sociaux de partout dans le monde a proposé, lors du Forum social mondial de 2009, une large mobilisation populaire pour obtenir entre autres la nationalisation sous contrôle social du secteur bancaire et la réduction du temps de travail, sans réduction de salaire. Quand commençons-nous ? Yves Lawler, La Gazette de la Mauricie, septembre 2009. Texte biblique : Ézéquiel 34, passim
CommentaireIssu de l’aristocratie sacerdotale du temple de Jérusalem, Ézéquiel vit dramatiquement la destruction du Sanctuaire par l’armée de Babylone. En vision, il verra le Dieu de ses pères, Yhwh, quitter sa demeure à Jérusalem et accompagner son peuple en exil. Avec toute l’élite de Jérusalem, il est traîné en esclavage jusque dans la terre des Chaldéens, l’Irak actuel. En terre d’exil, il sera porte-parole du Dieu d’Israël et il prophétisera avec vigueur et véhémence, analysant avec perspicacité les causes profondes de la déconvenue de son peuple. Les responsables politiques, les dirigeants sont ceux qui portent l’odieux de cette humiliation. Par des images fortes, bien connues de ses auditeurs, il annoncera sans répit la libération de son peuple des griffes des bêtes sauvages qu’ont été les rois d’Israël. Son nom hébreu, Iehèzqél signifie Dieu donne la force. Jésus s’inspirera du prophète Ézéquiel et parlera avec la même fougue pour dénoncer le renard Hérode, et toute la classe dirigeante qu’il traite de voleurs et de bandits (Jean 10,7) et aussi les dirigeants religieux qui ont fait du Sanctuaire « une caverne de voleurs ». « Il faudra attendre Jésus pour rencontrer une utilisation aussi puissante de la parabole », écrit l’écrivain juif André Chouraqui. Nous avons fait de l’image du bon pasteur l’icône mièvre et androgyne d’un doux Jésus et la parabole est devenue un texte pour recruter des vocations sacerdotales. Le clergé s’est approprié l’image du pasteur pour désigner les activités internes et l’administration de l’Église. La pastorale désigne aujourd’hui tout ce qui se fait à l’intérieur de l’enclos ecclésiastique. Rien de plus éloigné du sens biblique, cette appropriation enlève au texte du prophète tout son mordant socio-politique. Alors qu’à l’instar de la destruction du Sanctuaire de Jérusalem en 587 av. J-C, nous voyons actuellement la chrétienté occidentale s’effondrer dans le chaos, nous avons besoin de prophètes qui soient à l’écoute de la parole. Nous avons besoin de trouver notre identité de croyantes et de croyants hors des activités pastorales, sacramentelles ou religieuses et faire retentir les exigences du Dieu de Jésus qui amène en jugement ceux qui creusent chaque jour davantage l’abime qui sépare Lazare du riche propriétaire. La parole de Dieu doit dénoncer ceux qui oppriment, qui se portent au secours des banquiers, voleurs en cravate, et laissent mourir de faim et de maladie des millions d’êtres humains. La crise sociale mondiale est le lieu où cette parole doit retentir. La véritable pastorale exige que l’Église accompagne le Dieu de la Vie au milieu des exilés, des affamés, des sans terre et des sans patrie, car Celui-ci a déjà quitté les temples et les églises. S’inspirant d’Ézéquiel, Jean décrit la nouvelle Jérusalem : « Je ne vis point de temple dans la ville, car le Seigneur, le Puissant-sur-tout, est son temple, ainsi que l’agneau. » (Apocalypse 21,22) Puissent l’aristocratie cléricale et tous les disciples désorientés saisir cette exigence et suivre les traces du grand Ézéquiel et du prophète Jésus de Nazareth. Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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