La crucifixion selon William Xerra
La mort-résurrection de Jésus : l’écologie au cœur du salut
Leandre Syrieix | 14 avril 2017
Cette œuvre picturale est une réalisation de l’italien William Xerra spécialisé en architecture, design, art pictural et sculpture. Le Christ y semble avoir été dessiné sur une image de la nature, particulièrement sur un arbre. Cette représentation de la crucifixion semble assez originale et met en relation la mort-résurrection de Jésus. Plusieurs analogies avec les Écritures peuvent être faites à partir de cette œuvre. Je vous propose une interprétation de celle-ci comme illustration de la rédemption et du renouvellement de la création.
La croix comme arbre de la vie
L’arbre mis en évidence semble être au cœur de la nature et me rappelle « l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. » (Gn 2,9) C’est de cet arbre en Eden que la mort est entrée dans le monde. D’un autre côté, la représentation par W. Xerra de Jésus sur un arbre feuillu en plein cœur de la nature signifie, selon moi, que par sa crucifixion, la mort est vaincue et la vie éternelle est donnée. On peut de ce fait associer Jésus à ce nouvel arbre de vie, au nouvel Adam comme le souligne saint Paul :
Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. (1 Co 20,23)
Le renouvellement de la création
Aussi, nous pouvons dire que cette œuvre met en évidence le renouvellement de la création. En effet, la création n’est pas à exclure de la rédemption dont le Christ est, lui, l’agent. Dieu ne nous sauve pas sans rien, il le fait à partir de quelque chose, à partir du bois de la croix qui fait partie de sa propre création.
À sa manifestation glorieuse, au cœur de la création renouvelée, « le loup séjournera avec l’agneau […] le veau et le lionceau pâtureront ensemble, et un petit garçon les conduira […] on ne commettra plus le mal ni perversité sur toute la montagne sainte, car la connaissance de Yahvé remplira la terre comme les eaux recouvrent la mer. » (Is 11,6-9)
La mort-résurrection de Jésus représentée par W. Xerra peut donc nous interpeller sur notre rapport avec la création, sur l’Écologie humaine et l’Écologie globale. À ce sujet, Albert Rouet écrit : « Pleinement homme, [le Christ] est né de l’humus de la terre et de la matière du cosmos. Pleinement Dieu ; il proclame la place centrale du monde matériel dans l’économie de la rédemption. En assumant notre condition humaine, il a accepté définitivement le Salut de la création, fondé la relation de Dieu au monde et proclamé la bonté de la création [1]. »
Le lien entre la croix et un arbre se retrouve dans d’autres œuvres. Cette représentation contemporaine de la mort-résurrection par l’américain Lawrence Klimecki le montre bien. Elle est intitulée Tree of Life et l’artiste la décrit par les propos du pape Benoît XVI : « Indeed, the cure for death does exist. Christ is the tree of life, once more within our reach. If we remain close to him, then we have life [2]. » Le crâne et les ronces au pied de l’arbre de la vie sur lequel le Christ est triomphant illustrent bien la victoire de la vie (résurrection) sur la mort (crucifixion). L’humanité en proie à « la violence » et à « la souffrance » peut trouver un sens en Jésus. Il est l’Arbre de vie par qui toute « la création » est renouvelée, qui procure « la joie » ainsi que « la rencontre avec Dieu ».
Leandre Syrieix est séminariste et étudiant à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec).
[1] Albert Rouet, L’Eucharistie et l’humanité, Québec, Anne Sigier, 2008, p. 176.
[2] « En effet, le remède pour la mort existe. Christ est l’arbre de vie, de nouveau à notre portée. Si nous restons proches de lui, nous aurons la vie. »