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Coups de coeurs
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chronique du 4 janvier 2005
 

« Nous sommes venus l'adorer »

 

Ils étaient trois mages à s'être levés pour suivre une étoile, apparue à l'Orient, et se laisser conduire par elle vers le petit village de Bethléem (Matthieu 2, 1). Des quatre coins du monde, ils seront des dizaines de milliers à prendre la route des pèlerins et converger vers Cologne afin de participer à la Journée mondiale de la jeunesse en août prochain. L'histoire nous dit que c'est en 1164 que l'archevêque Rainald de Dassel a fait venir à Cologne les reliques des rois mages, d'où l'idée de puiser dans le récit de la visite des mages le thème de la JMJ 2005.

     Que ce soit à cause d'une étoile ou d'une invitation de Jean-Paul II, les mages de jadis et les pèlerins d'aujourd'hui ont en commun de faire l'expérience de la foi comme un chemin de vie qui conduit vers un ailleurs où le Tout-Autre se donne à rencontrer. Le premier auquel fut attribuée la paternité d'une telle expérience est Abraham. Depuis lors, les croyants et croyantes sont devenus des routiers, des marcheurs sur les routes de Dieu, où ils avancent saisis par un appel intérieur au dépassement, par un secret désir de se dépasser dans leur recherche de l'absolu jusqu'à faire la rencontre d'un Être personnel qui se révèle totalement Amour et Vie.

     Libre à ceux qui cherchent un quelconque phénomène astronomique pour identifier l'astre qui a lancé les mages sur la route. Ceux-ci auraient dû marcher de nuit pour suivre l'étoile. C'est plutôt la course du soleil, de l'Orient jusqu'à l'Occident, qui a tracé leur parcours et qui, à son zénith, a fait reculer la nuit de leur ignorance en leur révélant la vérité qu'ils cherchaient. La route qu'ils ont suivie n'est pas qu'une simple piste traversant le désert. Elle est surtout un cheminement intérieur, une route sans cesse créée par l'insatiable désir de répondre à l'appel de Dieu jusqu'à ce que se précise l'objet de la recherche : Où est le roi des Juifs qui vient de naître? (Mt 2, 2).

     Poser la question, c'est reconnaître que le chemin n'est pas terminé, c'est associer d'autres personnes à sa propre recherche les obligeant peut-être à quitter une certitude devenue accoutumance, c'est accepter une expérience de Dieu à la fois différente et complémentaire, pouvant influer sur la direction suivie jusqu'au moment de la question. C'est aussi se compromettre et engager sa liberté car, une fois la réponse donnée, un choix s'impose comme quand on se trouve à la croisée des chemins. La réponse vient des Écritures, comme un pain qui donne la force de poursuivre la route, comme une lumière qui désormais guide leurs pas. Les mages ne sont plus seuls, ils font désormais partie du cortège imposant d'un peuple qui a reconnu la présence agissante de Dieu dans son histoire. La rencontre des Écritures opère un tournant dans la démarche des mages dans le dernier droit et les rend déjà proches de de celui qu'ils cherchent, comme Bethléem est tout près de Jérusalem.

     Les mages poursuivent leur route tout à la joie de retrouver l'astre qui brille maintenant d'un éclat nouveau. Ils ne sont plus guidés par leur seule intuition, mais illuminés par la révélation que Dieu donne de lui-même. La fourberie d'Hérode n'a pas pu empêcher l'accomplissement du projet de Dieu d'attirer à lui tout être humain qui cherche la vérité avec sincérité. En se prosternant devant l'enfant de Bethléem, les mages reconnaissent en lui la manifestation, l'épiphanie, de Dieu. Leur cheminement de foi n'en est pas pour autant terminé. Jésus est désormais l'autre chemin, ou le chemin autre, qu'ils vont maintenant suivre pour garder le cap sur Dieu, sachant que Dieu n'est pas au-delà des étoiles, mais le Tout-Autre qui nous surprend en se faisait l'Emmanuel, Dieu-avec-nous.

 

Yves Guillemette, ptre
Directeur du Centre biblique et du Site InterBible
Curé de la Paroisse Saint-Léon de Westmount
Président de la Société catholique de la Bible

 

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Entre le boeuf et l'âne gris