chronique
du 3 février 2004
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Une foi sans pareille!
À quels rendez-vous l'Esprit Saint a-t-il conduit Jésus depuis le jour où, à la synagogue de Nazareth, il a déclaré qu'était désormais accomplie la parole du prophète Isaïe : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a conféré l'onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres (Luc 4, 18)? Cette question, je me la suis posée en réfléchissant sur le premier point d'ancrage de notre projet diocésain d'éducation à la foi Proposer aujourd'hui Jésus Christ. On y énumère notamment des rendez-vous auxquels l'Esprit convoque notre Église. Je reviens donc à ma question : l'Esprit a-t-il conduit Jésus à des rendez-vous où les nôtres pourraient trouver à leur tour quelques points d'ancrage? Le premier rendez-vous s'inspire du pluralisme religieux. Il s'agit de l'émerveillement de Jésus devant la foi d'un centurion de l'armée romaine en poste à Capharnaüm (Luc 7, 1-10). Jésus déclare en effet à son sujet : Même en Israël, je n'ai pas trouvé une telle foi. Et dire qu'ils ne se sont même pas rencontrés, leurs échanges verbaux n'ayant eu lieu que par personnes interposées. En quoi consiste donc la foi de cet étranger qui suscite l'admiration de Jésus? L'affection que le centurion ressent pour son serviteur gravement malade, dont il parlera ensuite comme si c'était son enfant, est le chemin qui le conduit à Jésus. Il espère que celui-ci interviendra en faveur de son serviteur. Ce que Jésus s'empresse de faire en se mettant en route vers la maison du centurion. Le récit nous montre en outre que ce centurion se distingue par sa capacité de nouer des liens fraternels sans faire de distinctions entre les personnes. Nous sommes en présence d'un homme pour qui l'amour fraternel et la concorde apparaissent comme des valeurs primordiales. Des notables juifs et des amis se présentent successivement à Jésus pour transmettre ses demandes en son nom. La démarche des notables juifs présente deux paradoxes. D'abord, ils ne tarissent pas d'éloges à son égard : ils reconnaissent sa dignité, son amour de la nation juive et son soutien pour la construction de la synagogue. Grâce à sa grandeur d'âme, ce centurion a su les libérer de leur aversion contre l'occupant romain. Ensuite, ils deviendront malgré eux des médiateurs en favorisant l'éveil du centurion à la foi en Jésus. Des fils de l'alliance permettent à un étranger d'avoir accès au don de Dieu par excellence. Sur le chemin qui le conduit à Jésus, le centurion sait aussi faire la vérité sur lui-même. Tout en étant un homme d'autorité, il connaît aussi la valeur de l'obéissance, tant la sienne par rapport à ses supérieurs que celle qu'il attend de ses soldats. Sa supplication a des allures de commandement : il demande à Jésus de venir, et Jésus vient; il lui demande de sauver son serviteur, et Jésus le fera. Jésus obéit comme s'il était un des soldats ou des serviteurs de l'officier romain. Mais le centurion sait aussi reconnaître l'autorité de Jésus en l'appelant Seigneur. Du coup, il avoue à la fois son indignité d'accueillir Jésus chez lui et sa soumission à plus grand que lui. Il se montre alors disposé à obéir à sa volonté. En retour, Jésus admire la foi de ce centurion qui connaît sa pauvreté et son insuffisance à donner par ses propres moyens la santé à son serviteur. Il ouvre ainsi un espace que Dieu pourra combler de sa faveur. Il y trouvera même son propre salut. Pour ce centurion comme pour beaucoup d'autres personnes, l'amour du prochain peut être la route qui conduit au rendez-vous de la foi. Yves Guillemette, ptre
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